Un quinquennat pour rien: Chroniques de la guerre de civilisations by Eric Zemmour

Un quinquennat pour rien: Chroniques de la guerre de civilisations by Eric Zemmour

Auteur:Eric Zemmour [Zemmour, Eric]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Albin Michel
Publié: 2016-09-07T00:00:00+00:00


9 septembre 2014

La gloire des petites nations

Ils n’ont pas encore gagné. Mais la dynamique est en leur faveur. L’Écosse pourrait se retrouver indépendante au soir du référendum du 18 septembre. Ce serait la mort de la Grande-Bretagne. La fin de trois siècles d’histoire depuis l’union de l’Angleterre et de l’Écosse en 1707. Même si le non finit par l’emporter sur le fil du rasoir, le Royaume-Uni n’aura plus le même visage. L’establishment anglais tente de retenir les inventeurs du kilt en leur promettant une plus grande autonomie. Pourtant, l’Écosse dispose déjà de son Parlement, de son gouvernement et même de sa propre fiscalité. On se demande bien ce qu’elle pourrait avoir de plus, alors même que les leaders indépendantistes ont annoncé qu’ils conserveraient la livre sterling.

Cette émancipation de la nation écossaise ne sera pas sans lendemain. En Espagne, la Catalogne et le Pays basque suivront les premiers. Le référendum catalan est déjà sur les rails. Madrid tonne, menace encore, mais comment s’y opposer après le précédent écossais ? Et puis viendra le tour de la Flandre, inéluctablement, elle en rêve depuis des années. Les velléités d’indépendance de l’Italie du Nord retrouveront une vigueur quelque peu alanguie ces derniers temps. On peut même imaginer que la sage et riche Bavière s’interrogera sur son destin si elle se lasse de payer pour les pauvres de Prusse et de toute l’Europe. L’Écosse veut garder son pétrole pour elle. Égoïsme sacré, oui, comme la Flandre ou la Catalogne, mais égoïsme de gauche, car le pays à majorité travailliste reproche à Londres ses excès libéraux depuis Thatcher.

C’est une révolution profonde et inouïe : le lent travail d’édification de plusieurs siècles des États-nations d’Europe occidentale sur le point d’être mis à bas en quelques années. Dans la mondialisation, les États providence sont vécus comme des boulets inutiles. Ils ont perdu leur souveraineté mais coûtent cher. Les marchés économiques nationaux sont devenus trop étroits pour les entreprises, qui ont le monde entier comme horizon. Les petits États, dynamiques et cohérents, font un carton, qu’ils s’appellent la Suisse, Singapour, Israël ou la Corée du Sud. La gloire des petites nations alors qu’on nous annonce depuis longtemps la mort des nations. À Bruxelles, les institutions européennes menacent l’Écosse de ne pas l’accueillir au sein de l’Union. C’est l’affolement du pompier pyromane. N’est-ce pas la Commission de Bruxelles qui, depuis des décennies, a exalté l’Europe des régions, encourageant celles-ci à recevoir les subventions de Bruxelles et à passer par-dessus la tête de leur capitale ? N’est-ce pas les mêmes eurocrates qui ont poussé tous les gouvernements à leur accorder toujours plus d’autonomie ? C’est une grande leçon pour nos politiques français qui, depuis près de quarante ans, ne jurent que par la décentralisation. Récemment encore, François Hollande a réduit sur un coin de table le nombre de régions françaises. Toujours au nom des grandes régions de niveau européen. On voit désormais où cela mène : à l’indépendance des plus riches et à la désintégration des États-nations. Mais c’est peut-être l’objectif.



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