Un parfum de Madeleine by Olivier DAMIEN

Auteur:Olivier DAMIEN
La langue: eng
Format: epub
Éditeur: Les Talents de demain 2020
Publié: 2020-05-31T16:00:00+00:00

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Le médecin laisse la petite famille décomposée dans le box, non sans leur préciser qu’il repassera très vite. Il doit planifier l’intervention, en espérant pouvoir opérer Paul dès ce soir. Il a promis de faire au mieux. Compte tenu des impératifs du vieil homme. Face à l’insistance des deux personnes, Docteur Mohamed s’est engagé à mettre tout en œuvre pour traiter son patient en urgence. Il croit comprendre qu’il s’agit d’une situation qui lui tient à cœur, voire d’une priorité absolue pour l’homme blessé. Maud fait le maximum pour rassurer ce dernier.

— Ne vous inquiétez pas ! Vous avez pris la meilleure décision, Paul. Il n’y avait pas d’autre choix, vous le savez. Et ce n’est pas le moment de mourir de la gangrène, moi qui commence tout juste à m’habituer à votre sale caractère.

Malgré les mots réconfortants ou son humour, elle ne parvient pas à ramener Paul à de meilleures dispositions cette fois. À peine, l’orthopédiste parti, le pauvre vieillard prostré sur son brancard pleure. Les larmes coulent et se frayent un chemin parmi les rides de son beau visage de papy. Il ne doit pas souvent lâcher prise, pense la jeune femme touchée en plein cœur. Attendrie, elle se rapproche doucement de lui et pose sa main amicale sur l’épaule tombante de Paul. Elle le voit aussitôt incliner la tête vers elle. Il vient placer sa joue froissée contre les doigts de la jeune femme. Comme si d’un coup, toute la pression retombait. Le fier-à-bras vient de faire connaissance avec ses limites, semble-t-il. Vieillard au caractère bien trempé, il se révèle colosse aux pieds d’argile. Enfin, au poignet fracturé. Même la douleur ne lui avait pas tiré le moindre sanglot. Cette fois, il pleure sans bruit, sans un geste. Juste quelques tremblements à peine perceptibles, qu’il laisse résonner le long des phalanges de sa fille adoptive.

— On va bien s’occuper de Madeleine, le rassure-t-elle, et à la première heure demain, je viens vous chercher et nous rentrons tous les deux la retrouver. D’accord ?

— Maud, depuis le jour que je bénis entre tous, où Madeleine et moi avons eu la chance de voir nos chemins se croiser, je ne l’ai jamais quittée. Je n’ai plus jamais passé une seule nuit sans elle. C’est l’amour de ma vie bien sûr. Mais bien plus que cela, elle est devenue jour après jour le sang qui coule dans mes veines. Sans elle, je ne suis personne, sans son amour je n’existe pas. Elle est ma raison de vivre. Parfois, ma raison de ne pas mourir.

— Je comprends que ce n’est pas facile. Ce sera vite passé, ne vous tracassez pas !

Il n’entend pas.

— Chaque minute loin d’elle est une douleur, chaque heure qui passe une véritable torture. Je vais mourir asphyxié si je ne suis pas à ses côtés : elle est mon oxygène aussi. Je suis comme ces gens qui se voient amputer d’un membre et continuent à percevoir sa présence. Je la sens près de moi comme mon ombre. Son éloignement me blesse, son absence m’est fatale.

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