DISCUSSIONS AVEC MES PARENTS by François Morency

Auteur:François Morency [Morency, François]
La langue: fra
Format: epub
Tags: humour 9782761947695
Éditeur: Les Éditions de l’Homme
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

Je n’ai pas hérité mon côté moqueur des voisins, c’est dans l’ADN de tous les membres de ma famille. Poser une question stupide ou réagir niaiseusement à une situation courante n’est pas sans conséquence chez les Morency; les autres vont rapidement vous sauter dessus comme des lions sur un gnou qui boite.

De plus, l’anecdote sera automatiquement inscrite dans la mémoire de tous; on la racontera donc pendant plusieurs décennies.

Ainsi, presque tous nos partys de Noël et autres réunions familiales comportent un bloc d’histoires humiliantes. On a évidemment tous et toutes dit ou fait des choses moins glorieuses dans nos vies, et c’est un plaisir de les rappeler à celui ou celle les ayant commises. Et puisque la famille est nombreuse, il y a toujours un beau-frère ou une blonde de neveu récemment ajoutés qui ne connaissent pas ces récits, ce qui justifie le fait de les raconter pour la 40 000e fois.

Normalement, on se met sur le cas d’un ou une d’entre nous jusqu’à ce qu’il ou elle réplique à un des agresseurs, qui devient alors à son tour la cible des railleries.

Voici un exemple de ce type de discussion qui a changé de direction à quelques reprises. J’ai amorcé le tout en me moquant de ma sœur, dont mes parents ont déjà oublié le nom… Oui, ça arrive à tous les parents à un certain moment de leur vie. Ils mélangent les prénoms. Souvent, lorsque ma mère veut me parler, elle va dire: «Jean-Paul! Euh Bernard! Euh Régent! Euh Paul-Armand! Euh… FRANÇOIS!!!»

Le problème avec ma sœur, c’est que ma mère ET mon père l’ont appelée «Chose» en l’espace de cinq minutes.

MOI: Eille, Chose, passe-moi donc la salade!

FRÈRE: Ha! ha! Chose!

SŒUR: J’en reviens pas que vous m’ayez appelée «Chose».

MÈRE: Ben oui mais vous êtes nombreux, à un moment donné on se mélange!

SŒUR: Ben oui mais «Chose»!

FRÈRE: C’pas grave, Chose!

MOI: C’est des choses qui arrivent!

SŒUR: Pis toi François, as-tu encore peur des ambulances?

MOI: Bon…

MÈRE: Quand il était petit, à toutes les fois qu’une ambulance passait dans le coin, il se mettait à pleurer.

FRÈRE: Pas juste quand y’était petit, ça s’est étiré cette affaire-là!

MOI: Pas vrai!

MÈRE: Oui c’est vrai!

SŒUR: Et pas juste les ambulances! Les polices, les pompiers, aussitôt qu’on entendait une sirène: Bouuuuuu! Il pleurait!

PÈRE: La crise!

MÈRE: Fallait se garrocher pour le rassurer!

MOI: Et voilà…

FRÈRE: Une chance que t’étais pas à New York le 11 septembre 2001, t’aurais ben explosé!

TOUTE LA FAMILLE SAUF MOI: Ha! ha! ha!

SŒUR: Y’aurait explosé mais pas autant que quand y’avait son habit-brique sur le dos!

NOUVELLE BLONDE DE NEVEU: L’habit-brique?!?

FRÈRE: Quand j’me suis marié en 1976, François s’est habillé chic!

MOI: C’était pas mon choix!

FRÈRE: Maman, sors la photo!

MÈRE: Avec joie!

MOI: C’est tellement pas nécessaire…

NOUVELLE BLONDE DE NEVEU: Wouash! Pourquoi t’as mis ça?!?

MOI: Parce qu’on m’a obligé! Penses-tu vraiment qu’à dix ans j’avais décidé de porter ça?! J’avais dix ans, je décidais rien!!!

FRÈRE: Couleur brique, très laid et très serré!

FRÈRE 2: T’avais l’air d’un foyer!

MÈRE: (Pleurant de rire) C’était pas si pire.

MOI: Tu m’as déguisé comme une madame

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