Un monde meilleur by Sakey Marcus

Auteur:Sakey,Marcus [Sakey,Marcus]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Série Noire
Éditeur: Gallimard
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

1. Chevalier écossais (1270-1305) dont le rôle fut crucial durant les guerres d'indépendance contre les Anglais. Il était surnommé « Braveheart ».

Chapitre 21

Soren souriait.

Il aimait les livres. Par contre, les films, la télé 3D, les pièces de théâtre, les ballets, le sport et la musique s'apparentaient à de la torture. Peu importait l'intelligence du scénario, peu importait l'élégance d'une blague : à son échelle temporelle, ils étaient interminables. Chacune des notes d'un concerto de Bach s'enlisait jusqu'à perdre toute signification et toute émotion.

Mais pas les livres. Cela faisait longtemps qu'il avait appris comment agrandir son champ visuel pour percevoir l'intégralité de la page. Il savait se concentrer sur les mots avec son esprit plutôt qu'avec ses pupilles. Un bon livre était proche du néant intime, un territoire dans lequel le soi pouvait se perdre. Il lisait souvent cinq ou six livres entre le lever et le coucher.

John Smith s'était montré prévenant en meublant l'appartement de la Nouvelle Canaan. L'endroit était calme, éclairé avec goût, et du sol au plafond, les murs étaient tapissés de livres. Soren y vit une attention touchante, et cela lui rappela que son vieil ami le connaissait mieux que personne.

John dit : « J'auraibientôtbesoindetoi.

— Pour ?

— Tuer. Tutueraspourmoi ?

— Oui.

— Mesplanssontprêts. Maisleschosessontfluctuantes. »

Les choses sont fluctuantes. Oui, c'était certainement vrai. « Et ?

— C'esttoilatour. Oubliéesurlarangéedufond. »

Une référence à leur enfance à l'académie Hawkesdown, quand ils jouaient aux échecs à la cafétéria. Soren perdait à chaque fois, mais ça n'avait aucune importance. Les parties étaient des moments de plaisir simple partagé avec un ami. C'était sans doute la première fois de sa vie où le temps passait trop vite.

Son rôle était maintenant évident. Smith avait passé des années à préparer ce moment, mais les stratégies changeaient toujours au cours de leur exécution. Toujours. Alors, Soren serait l'atout dont les ennemis de Smith ignoraient l'existence. La solution à des problèmes qui n'existaient pas encore.

« Je comprends.

— J'aiunesurprisepourtoi. »

Soren suivit son ami à travers l'appartement, jusqu'à une porte fermée. John la désigna d'un geste, sourit et s'en alla.

Soren ouvrit la porte et il vit qu'elle l'attendait.

L'unique femme au monde. Toute petite, blonde, parfaite.

Celle qui comprenait ce dont il avait besoin. Et elle ne faisait pas que le comprendre : elle le devenait. C'était sa nature, son don et sa malédiction. Elle pouvait se transformer en ce dont les autres avaient besoin. Elle pouvait sentir et incarner les désirs que les gens n'osaient formuler.

Samantha était nue, couverte de tulipes roses et d'onguents, les bras ouverts. « Mon amour, dit-elle. Tu m'as manqué. »

*

Félicité. Pas un instant de plénitude, comme lorsque les gens normaux faisaient l'expérience de l'amour, mais une félicité totale et permanente. Une félicité comme une eau chaude dans laquelle il nageait avec langueur.

Sa malédiction serait également un don. Avec elle.

À Hawkesdown, ils s'étaient trouvés. Parfaite Samantha. Quand ils avaient quatorze ans, elle était venue vers lui et avait touché sa joue, sans un mot, et chaque contact durait des minutes entières. La caresse de sa langue, la douceur

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