Le Gorille 04 - Gorille Sur Champ d'Azur by Antoine Dominique

Le Gorille 04 - Gorille Sur Champ d'Azur by Antoine Dominique

Auteur:Antoine Dominique [Antoine Dominique]
La langue: eng
Format: epub
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


Entre la Durance et la route, sur une plage déserte, une petite bicoque vide, un cube de ciment aux volets fermés, attendait, tranquille et désolée, d’être recouverte par l’inondation annuelle. Berthier hocha la tête :

— Drôlement peinards, les types qui habiteraient là... personne pour les emmerder.… Là, tu tuerais quelqu'un qu’on ne le saurait jamais!

I1 déboucha le litre de rouge.

— Moï ça me dirait de passer quelque temps 1à-dedans.

Geo s'était emparé du saucisson, regardant la cabane lui aussi : « Hum... se disait-il, le pauvre type qui viendrait s’installer là, avec la pluie qui vient de tomber et celle qui va tomber… »

Il était soucieux, Geo, parce que cet après-midi il lui fallait affronter la Sylvanie Balvès.

Elle avait fini par céder le terrain à un nouvel envoyé de Villeminaud : beaucoup de fric et huit parts. Geo calculait : « J’en ai vingt-huit, avec les huit de la mère Balvès, ça fait trente-six. D'ici ce soir, il faut que j'aie piqué les dix-sept de Mourmellant.

— À quoi tu penses? lui demanda Berthier en mastiquant.

— Je pense aux dix-sept parts de Mourmellant. Avec la mère Balvès ça m'en donnerait quelque chose comme cinquante-trois. Pour Mourmellant, il faut jouer astuce.

À deux heures, ils revenaient à Cavaillon, d’où Geo appela Daumel.

— Allô Daumel? Ici : moi... Ça va?

Daumel eut un soupir :

— Oui, j'ai reconnu votre voix. Non ça ne va pas. Je me dégoûte.

— Je voulais vous dire : il faudrait que je rencontre Mourmellant chez vous en fin d'après-midi.

— Très bien, je le lui dirai. A propos... On vous a appelé tout à l'heure de Paris : un certain M. Banjo. Il a demandé que vous le rappeliez d’urgence.

Geo soupira tristement et raccrocha. Berthier attendait, assis sur la banquette de cuir, en face des postières émerveillées par le « Gorille ».

— Qu'est-ce qu’on fait?

Geo ne répondit pas tout de suite, il s’assit à côté de Berthier.

— Le « Vieux » m'a appelé, finit-il par dire, exténué.

— Pourquoi?

— Je ne sais pas.

Berthier se rongeait les ongles :

— Moi, je ne le rappellerais pas.

— Qu'est-ce que tu veux dire?

— Ce que je veux dire? Tu sais bien ce que je veux dire.

Geo se leva et se mit à aller et venir.

— J'appelle ou je n’appelle pas?

Il ne pouvait pas tourner longtemps en rond comme un ours. Tous les types le regardaient.

Il sortit une pièce de sa poche, la jeta en l'air, la rattrapa dans sa main, regarda Berthier, soupira, ouvrit sa main, c'était pile : il l’appelait.

— L'appelle pas! jeta Berthier.

Geo haussa les épaules :

— Pourquoi pas? Il entra dans la cabine, essuya le lourd regard de reproche de Berthier et soupira encore, en décrochant : « Faire et défaire, c’est toujours travailler. »

— Je vous téléphone pour le banjo.

— Oui, justement je voulais vous le faire tenir par votre frère. Ecoutez-moi bien, jeune homme...

Aujourd’hui, le « Vieux » avait sa voix sèche et râpeuse, en bois blanc :

— Vous allez arrêter ça tout de suite. Comprenez-moi bien... tout de suite...

Geo ne répondit pas.



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