Un hiver avec Schubert by Olivier Bellamy

Auteur:Olivier Bellamy [Bellamy, Olivier]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 2283027969
Éditeur: Buchet/Chastel
Publié: 2015-10-07T22:00:00+00:00

23

Vienne

(ou les intermittences du cœur et de la géographie)

Nomade dans un petit espace, Schubert n’a jamais quitté l’Autriche-Hongrie. Né et mort à Vienne, il entretient avec sa ville des rapports ambivalents.

Il abandonne ses études au lycée impérial et il est chassé du foyer familial. Dans les deux cas à cause de la musique. Or l’empereur et son père s’appellent tous deux Franz, comme lui. Drôle de hasard.

Il échoue au concours de l’école normale et reste instituteur assistant, son projet de mariage avorte, sa candidature comme maître de musique à Laibach est rejetée. Vienne est sa ville, il y a ses habitudes et ses amis, mais tout se passe comme si elle ne voulait pas de lui, comme si elle l’ignorait. Le ciel lui sourit grâce à ses dons, mais la terre se rit de lui.

En décembre 1816, il s’éloigne de la maison de son père et va habiter chez son ami Schober, l’ange des ténèbres qui a la beauté du diable. Il laisse tomber son métier d’instituteur et cesse les leçons avec Salieri. Il prend son destin en main mais rien ne se passe comme il l’avait espéré et il retourne vivre chez son père, en banlieue.

Après un premier séjour en Hongrie, où il apprend la musique aux deux filles du prince Esterházy, il s’installe chez le poète Mayrhofer, où ils n’ont qu’une chambre pour deux. Son premier voyage en Styrie lui apporte un vrai ballon d’oxygène en ces temps tristes et troublés.

L’assassinat d’un dramaturge célèbre par un étudiant en 1819 provoque un brutal retour à l’ordre et rend l’atmosphère de Vienne irrespirable. Les ordonnances de Carlsbad intensifient la répression policière. Le mariage de Theresa Grob (qu’il a toujours vaguement espéré épouser) avec un maître boulanger accentue sa tristesse. Il prend une chambre et s’isole pendant quelques mois, puis retourne vivre chez Schober. Un nouveau voyage en Styrie le rend heureux. De retour à Vienne, il partage un logement au Stubentor avec Josef Huber, un proche de son ami d’enfance Josef von Spaun.

Second séjour à Zseliz chez le prince Esterházy où il est nettement mieux reçu que la première fois. Il retourne vivre chez son père. En 1825, il habite à nouveau seul, dans le faubourg de Wieden, tout près de la demeure familiale de son ami Moritz von Schwind. Après un nouveau séjour en Styrie, heureux comme toujours, Schubert a peur de perdre son logement. Bauernfeld lui propose de partager une chambre avec Schwind et lui-même, mais Schubert se lasse de cette éternelle vie d’étudiant. Il tient à son indépendance même s’il peine à payer le terme de son loyer.

Après avoir vaguement brigué un poste de deuxième organiste, il est recalé au concours de vice-maître de chapelle à la Cour. Une place d’assistant chef d’orchestre au théâtre de la Porte-de-Carinthie se profile et lui échappe aussi. Finalement Schubert retourne habiter chez Schober à la fin de l’été 1826. En décembre, il retrouve un logement seul dans le centre de Vienne avant de revenir vivre chez Schober en mars 1827. À la mi-mai, il déménage avec Schober en banlieue, dans le quartier de Dornbach.

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