Turenne by Jean Bérenger

Auteur:Jean Bérenger [Bérenger, Jean]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Biographie Historique
Publié: 1987-04-07T22:00:00+00:00

Turenne traite avec les Espagnols

Celle-ci n'intervint, d'ailleurs, que relativement tard pour le pousser à traiter avec les Espagnols et faire un pas de plus dans la rébellion. L'année précédente, ses amis parisiens et son frère envisageaient qu'il collaborât avec une armée espagnole, lorsque l'armée d'Allemagne serait vers Paris, afin de battre Condé et de délivrer la capitale. A cette époque, il aurait traité d'égal à égal, mais en février 1650, c'est pressé par la nécessité et conscient de son infériorité sur le plan militaire qu'il entreprit une négociation de six semaines.

Auparavant il se tourna vers ses amis suédois, une démarche jusqu'à présent systématiquement passée sous silence. Il écrivit en effet, en février 1650, de Stenay à Wrangel, avec lequel, on l'a vu, il s'était lié d'amitié durant les dernières campagnes d'Allemagne. Lui annonçant l'arrestation de Condé, il lui donnait aussi son point de vue sur l'application de l'Habeas corpus adopté en principe en 1648 : « Le roi a promis à tous ses sujets qu'on ne mettra personne en prison qu'au bout d'un certain temps qui ne va qu'à deux mois, il n'en soit pris connaissance par les juges ordinaires qui sont les cours du Parlement qui condamneront ou absoudront suivant ce qu'on aura fait; on ne demande que la même chose pour M. le Prince 478479. » Voilà sa rébellion fondée en droit. Avec un arrière-goût de révolution d'Angleterre des années 1640, il réclame lui aussi l'abolition de la tyrannie et de l'arbitraire. Formellement, il a raison, car les Princes seront détenus pendant un an sans jamais passer en jugement, et il suffira, au début de 1651, que le Parlement soit en situation d'exiger le jugement des Princes, pour que ceux-ci soient libérés. Mais cette argumentation passe sous silence les intérêts personnels des Bouillon et ne sert en fait qu'à justifier une demande d'intervention : « J'espère que Votre Excellence me fera la grâce de m'adresser à Stenay les officiers qui voudraient servir pour une cause si juste. J'espère qu'on remédiera à sa liberté, à tant de malheurs et V.E. aurait pitié de voir comme la France est gouvernée par des intérêts particuliers. »

Mais Wrangel refusa de marcher avec lui et même de l'aider (ce qui lui valut, le 27 mars 1650, une lettre autographe de remerciement de Louis XIV, datée de Dijon : « Ayant su comment vous avez rebuté les avances du maréchal de Turenne qui désirait être assisté de vos troupes contre mes services... »). Faute d'être aidé par ses amis, Turenne se tourna alors vers ses ennemis. La négociation fut menée par Mme de Longueville et par Don Gabriel de Tolède qui traitait au nom du comte de Fuensaldana, général de l'armée espagnole, le gouverneur général, l'archiduc Léopold-Guillaume, se tenant à l'écart. L'alliance fut conclue le 20 avril 1651 entre l'archiduc d'une part, Mme de Longueville et Turenne d'autre part, et le traité fut ratifié par le roi d'Espagne480.

Les buts avoués de l'accord étaient, comme toujours, une paix juste et raisonnable entre les deux Couronnes, mais aussi la libération de M.

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