Trop semblable à l'éclair by Ada Palmer

Trop semblable à l'éclair by Ada Palmer

Auteur:Ada Palmer [Palmer, Ada]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Le Bélial'
Publié: 2019-10-01T22:00:00+00:00


Beijing.

Nous avons limité l’augmentation des loyers et l’acquisition de foncier, comme l’avait conseillé le Censeur.

Moi.

En effet. Vous avez fait des efforts méritoires, ce que reflètent les données. Mais il règne déjà une telle inquiétude à ce sujet, il y a tellement de contre-campagnes hostiles et d’exaspération, que la plupart des gens ne sont pas conscients du ralentissement. Ons voient juste des propriétaires Mitsubishi dans la moindre rue, et ons ont l’impression que vous achetez davantage de biens-fonds, même si tel n’est pas le cas. La liste de Sugiyama va empirer les choses, et de beaucoup.

Beijing.

Pourquoi ça ? Qui est François Quesnay ?

Moi.

Qui était, Administrateur. Il s’agit d’un personnage historique. Sugiyama avait décidé de recourir à une de ses techniques les plus habiles, évoquer une chose par son absence remarquable. (Les présents manquaient manifestement d’enthousiasme pour l’art du journaliste.) François Quesnay était un des chefs de file des physiocrates, des économistes européens influents du XVIIe siècle, à l’époque des tout premiers balbutiements de la théorie économique moderne. D’après eux, prospérité et valeur dépendaient de la terre. D’une certaine manière, ons avaient la même vision de la source que vous. (Je souris à la pensée que j’aurais exprimé cela beaucoup plus maladroitement, sans le cadre qu’Il m’avait donné pour me guider.)

Ensuite est venu Adam Smith. On a pour l’essentiel contredit les physiocrates en affirmant que la prospérité découlait du travail, pas de la terre. Tous ses successeurs ou presque lui ont donné raison, y compris Marx et Morais, bien qu’ons aient affiné la théorie en y introduisant le capital et les axones. Toujours est-il que de nos jours, il est d’usage de penser la source en termes de labeur humain, de population, d’heures de travail, surtout avec le système des Ruches, qui cherchent à regrouper davantage de membres les unes que les autres et que nous jugeons faibles ou fortes suivant l’évolution de leur population. Tout le monde compte les gens, Administrateurs. Tout le monde, sauf vous.

– Je ne suis pas en désaccord avec Marx et Smith, se vanta Beijing. Nous sommes attachés à notre taille, à notre population.

– Combien d’actions sont-elles censées voter pour vous à l’heure actuelle, Administrateur ? intervint J.E.D.D. Maçon avec douceur.

– Un virgule deux milliard.

– Combien, précisément ? insista-t-Il.

– Un milliard, deux cent trente-deux millions, quatre cent mille et quelques.

– Combien de gens cela représente-t-il ? Combien de membres vous ont-ons promis leur vote pour constituer ce bloc ?

– Cent cinquante millions environ.

– Combien, précisément ? »

Beijing fronça les sourcils en regardant ses collègues.

« Peut-être un peu moins de cent cinquante ? »

Son Interlocuteur n’acquiesça pas.

« Vous savez plus précisément quelle proportion de la nature vous représentez que quel nombre de gens. »

Je souris derechef, conscient que Sa démonstration tortueuse éclaircissait mieux les choses que le chemin le plus direct.

« Exactement, confirmai-je. De nos jours, les Gordiens eux-mêmes ont renoncé à appliquer aussi étroitement le modèle de l’entreprise et à distribuer les votes Brillistes par action plutôt que par personne. Les commentaires de Sugiyama sur François Quesnay auraient constitué son manifeste sur l’échec de la démocratie actionnariale Mitsubishi.

– La démocratie actionnariale fait notre force », objecta la Corée, plus rapide que ses confrères.



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