Thérèse philosophe by Anonyme Anonyme

Thérèse philosophe by Anonyme Anonyme

Auteur:Anonyme, Anonyme
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Editions Flammarion
Publié: 2011-05-14T16:00:00+00:00


Je nageai pendant près de six mois dans un torrent de volupté sans qu’il m’arrivât rien qui mérite ici sa place.

Ma santé s’était entièrement rétablie : ma conscience était tranquille par les soins de mon nouveau Directeur, qui me donnait des conseils sages et combinés avec les passions humaines ; je le voyais régulièrement tous les lundis au confessionnal et tous les jours chez Madame C… Je ne quittais plus cette aimable femme : les ténèbres de mon esprit se dissipaient ; peu à peu je m’accoutumais à penser, à raisonner conséquemment. Plus de Père Dirrag pour moi, plus d’Éradice.

Que l’exemple et les préceptes sont des grands maîtres pour former le cœur et l’esprit ! S’il est vrai qu’ils ne nous donnent rien et que chacun ait en soi les germes de tout ce dont il est capable, il est certain du moins qu’ils servent à développer ces germes et à nous faire apercevoir les idées, les sentiments dont nous sommes susceptibles et qui, sans l’exemple, sans les leçons, resteraient enfouis dans leurs entraves et dans leurs enveloppes.

Cependant ma mère continuait son commerce en gros, qui réussissait mal : on lui devait beaucoup et elle était à la veille d’essuyer une banqueroute de la part d’un Négociant de Paris capable de la ruiner. Après s’être consultée, elle se détermina à faire un voyage dans cette superbe ville. Cette tendre mère m’aimait trop pour me perdre de vue pendant un espace de temps qui pouvait être fort long : il fut résolu que je l’accompagnerais. Hélas ! La pauvre femme ne prévoyait guère qu’elle y finirait ses tristes jours et que je retrouverais dans les bras de mon cher Comte la source du bonheur des miens.

Il fut déterminé que nous partirions dans un mois ; temps que j’allai passer avec Madame C… à sa maison de campagne, éloignée d’une petite lieue de la ville. Monsieur l’Abbé y venait régulièrement tous les jours et y couchait, lorsque ses devoirs le lui permettaient. L’un et l’autre m’accablaient de caresses ; on ne craignait plus de tenir devant moi des propos assez libres, de parler de matières de morale, de religion, de sujets métaphysiques, dans un goût bien différent des principes que j’avais reçus. Je m’apercevais que Madame C… était contente de ma façon de penser et de raisonner et qu’elle se faisait un plaisir de me conduire, de conséquence en conséquence, à des preuves claires et évidentes. Quelquefois seulement j’avais le chagrin de remarquer que Monsieur l’Abbé T… lui faisait signe de ne pas pousser si loin ses raisonnements sur certaines matières. Cette découverte m’humilia ; je résolus de tout tenter pour être instruite de ce que l’on voulait me cacher. Je n’avais pas, jusqu’alors, formé le moindre soupçon sur la tendresse mutuelle qui les unissait. Bientôt je n’eus plus rien à désirer, comme vous allez l’entendre.

Vous verrez, mon cher Comte, quelle est la source où j’ai puisé les principes de morale et de métaphysique que vous avez si bien cultivés et qui,



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.