Terreur by Benoît Becker

Terreur by Benoît Becker

Auteur:Benoît Becker [Becker, Benoît]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fantastique
Éditeur: Fleuve Noir
Publié: 1979-02-14T16:00:00+00:00


TROISIÈME PARTIE

CHAPITRE PREMIER

— Quelle heure ?

— Minuit, dit-elle.

Ils étaient dans la cuisine. Le même calme étrange que toutes ces dernières nuits pesait sur toute la nature. En face du foyer où le feu était encore vif, Amigo étendu dormait paisiblement.

— Tu as beaucoup de température ?

Il venait d’ôter le thermomètre d’en dessous son aisselle.

— 38°4, dit-il.

Sur une assiette posée au milieu de la table, il y avait quatre bouts de cigare à peine fumés et un cinquième se consumait tout seul, envoyant vers le plafond une mince colonnette bleuâtre qui tremblotait légèrement en son milieu lorsque quelqu’un parlait dans la pièce.

— Allons nous coucher, dit Clara.

— Attendons encore un peu, dit-il.

C’était le lendemain. Toute la journée Thorwald avait eu de la fièvre. La nuit d’avant, ils avaient fini par descendre tous les deux en se serrant l’un contre l’autre.

Mais le salon était vide, bien entendu, le piano fermé.

Clara avait dit :

— Peut-être moi aussi ai-je des troubles nerveux.

Ils étaient remontés et ne s’étaient endormis qu’au grand jour.

Dans la journée, Thorwald avait parlé de descendre à Amalstad et de parler au prêtre. Clara s’était récriée.

— Pour qu’il se moque de toi ! Ou pire, pour qu’on se pose des questions sur les raisons qui nous font avoir ce genre d’hallucinations ! Imagine qu’on nous interroge, qu’on nous pousse dans nos derniers retranchements et que l’un de nous deux flanche !

— Ce ne sont pas des hallucinations, avait-il répondu. Tu le sais aussi bien que moi.

— Mais quoi alors ?

— Elle est revenue, avait-il soufflé. Elle avait dit : je reviendrai !

*

* *

— Quelle heure ?

— Minuit vingt.

Le chat avait quitté sa place tiède et s’étirait avec de lents bâillements qui montraient sa langue rose et ses petites dents aiguës. Un sixième cigare brûlait tout seul dans l’assiette posée sur la table.

Dans la journée, Thorwald avait encore dit :

— Partons, Clara ! Faisons nos bagages et allons-nous-en d’ici.

Il l’avait vue hésiter, prête à flancher, mais sombrement furieuse aussi à l’idée de laisser capituler leur raison et, finalement, d’une voix pleine de hargne, elle avait sifflé :

— Oui, il faudra peut-être partir. Mais attendons encore.

— Pourquoi attendre ?

Elle l’avait serré contre elle et, dans un souffle, pleine de haine et de fureur contenue, elle avait dit :

— Il faut la vaincre. Il ne faut pas se laisser envahir par la panique. Tenons le coup, Thorwald, et tout cela cessera.

Alors, il avait balbutié :

— Tu crois donc qu’elle est là, quelque part, ici ? Qu’elle nous écoute ?

— Qu’elle soit là ou que nous soyons seulement en proie à nos spectres intérieurs, il nous faut tenir le coup.

Il y avait une énergie sauvage sur ses traits et, un instant, il avait été presque rassuré.

Et puis, elle avait ajouté :

— D’ailleurs, à quoi servirait de partir d’ici ? Elle nous retrouvera ailleurs. C’est ici qu’il faut la vaincre, Thorwald ! Plus tard, nous partirons.

Ils étaient restés sur la falaise pendant deux heures, pour échapper un peu à l’atmosphère du château. Thorwald regardait la mer en furie s’engouffrer dans la grotte creusée au pied de la falaise, où il allait souvent jadis.



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