Syndrome animal de puissance (French Edition) by ELAIN Lo

Auteur:ELAIN, Lo [ELAIN, Lo]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Les Éditions OLB
Publié: 2023-12-30T23:00:00+00:00

Chapitre 9 : « Nous sommes tous au fond d’un enfer où chaque instant est un miracle. »

Attendre que La femme s’offre.

Juke-box sélection no 36 : Noir Désir/Alice

De retour dans ma chambre d’hôtel, allongé sur le lit, le ventre vide, je songeais à Alice, tout ce qu’elle m’avait dit ce matin même et je me suis surpris à espérer. J’avais interminablement marché sans aucun but après m’être en quelque sorte enfui de chez elle, me répétant sans fin que la femme que j’aimais ne pouvait avoir commis un meurtre, que cela n’était pas possible. Je voulais croire en elle comme elle me l’avait demandé. Je devais garder la foi pour sauver notre amour. Alice allait changer le cours des choses, abandonner ses idées folles pour s’en venir au plus près de moi, moi le minable magnifique et je lui apprendrais tel l’Épictète en herbe que je suis, à tenter chaque heure de la vie, de faire la part des choses malgré l’absurdité du Monde... Oui, j’avais fini par m’en persuader… J’étais de si bonne humeur que je n’entendais même pas mon ventre se plaindre. Je me complaisais dans une béatitude crétine parfaitement délicieuse tout à la fois pour le corps et l’esprit. Je ne m’étais pas senti aussi bien depuis le lendemain matin de notre toute première nuit, chez moi, où rien d’autre ne s’était passé que la naissance d’une authentique passion. Alice ferait en sorte d’éloigner le cauchemar, une fois encore. Elle m’avait tiré des songes obscurs, de la nuit noire, elle le referait une nouvelle fois pour moi, pour elle, pour nous... Mon Alice comme celle de Noir Désir avait le don de la métamorphose ; transformer, changer le monde et ses représentations. Se passer tout à fait de moi avec son doigt ou Steve, elle ne le voulait plus, aspirant finalement, contre toute attente à s’en revenir dans mes bras. S’en venir au plus près de moi, pour mieux me pousser dans sa faille originelle.

Je repensai au coup au cœur que j’avais eu ce matin-là, celui de notre première nuit, quand j’avais vu ses vêtements de femme sur une chaise. Et puis ce corps, cette vénus moderne, dans mon lit, près de moi. C’est d’un commun, mais c’est d’un vivifiant pour l’animal comme pour l’être... Il y avait ses yeux épris de sommeil, pas encore ouverts et pourtant déjà je les envisageais comme deux horizons nouveaux pour moi. On ne peut pas en douter, comme le soleil qui inexorablement s’élève pour flamboyer dans nos cieux, ses yeux s’illumineront pour mieux éclairer ma vie. Et c’est pathétique ce sentimentalisme ; c’est absolu aussi. Son souffle apaisé, régulier, de femme endormie. Un monde qui s’ignore encore, sur le point de naître, un monde qui déjà se veut unique. Je me souviens, je n’avais pas même osé l’embrasser : je craignais tant l’éveil, dans le sens où peut-être, la nuit finie, la magie s’en serait allée, emportant dans le cœur et le corps de cette femme alanguie sous mes draps rêches, le désir de moi.

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