Sur mes quatre jambes by Bernard Sachsé & Véronique Pellerin

Auteur:Bernard Sachsé & Véronique Pellerin [Sachsé, Bernard]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Témoignage
Éditeur: Artège
Publié: 2015-04-16T22:00:00+00:00

L’écurie

Depuis deux ans, au fil des mois, les boxes de mon écurie se remplissaient. Par le bouche à oreille, de plus en plus de propriétaires me confiaient leurs chevaux. Il m’est arrivé d’en loger jusqu’à dix-sept, alors qu’en fait je n’avais à ma disposition que quinze boxes. J’étais alors obligé d’improviser une stalle dans un coin de l’écurie et même, parfois, de demander un box à ma voisine. Chaque cheval était travaillé selon la même méthode, en tenant compte bien sûr, des tempéraments des uns et des autres. Souvent, les propriétaires venaient chez moi après avoir essayé toutes les autres solutions. C’est comme cela que je voyais arriver des « délinquants », plutôt des incompris. À chaque fois, je reprenais les principes fondamentaux de Baucher et à chaque fois j’obtenais des résultats satisfaisants.

Au point que des propriétaires pouvaient partir en promenade tranquillement avec des montures qui quelques mois plus tôt leur montraient les dents quand ils entraient dans les boxes ou les vidaient systématiquement.

Tang, par exemple. Un selle français puissant, avec de bonnes origines. Rétif : il basculait la nuque, il passait sa langue sur le mors et se mettait debout. En plus il renâclait. Le cheval pouvait se mettre dans des colères terribles : un jour, en liberté dans le manège, il a tué un pigeon d’un coup d’antérieur. Un vrai dossier, d’autant plus qu’il appartenait à un propriétaire pas débutant, mais presque. C’était le boulanger d’Us : un homme charmant, toujours souriant, bedonnant, ce qui en disait long sur la succulence de ses croissants, mais rien sur ses capacités éques tres. Il avait une qualité : il ne se posait aucune question et n’hésitait pas à enfourcher sa monture toute rétive qu’elle fût.

Tang était au pré. Le boulanger, après avoir observé mon travail dans l’écurie, m’a demandé de m’en occuper une fois par semaine. J’ai donc décidé de reprendre le cheval à pied et à la longe. D’une semaine à l’autre, le cheval changeait : son encolure s’allongeait, et se dessinait. Il s’arrondissait, en main mieux même que monté. En fait, Tang se réappropriait et réutilisait au pré les muscles que je sollicitais et réveillais pendant la séance de gymnastique hebdomadaire. À la fin de l’été, le cheval est rentré dans l’écurie et le propriétaire me l’a confié pour un travail complet. Cela a duré deux ou trois ans, jusqu’à ce qu’il déménage en Normandie. Quelques années plus tard, le boulanger m’a expliqué à quel point Tang était devenu agréable : en allant au pré le chercher, avec un simple licol, il obtenait sans peine un trot bien cadencé quasi sur place.

Autre exemple de la force de l’enseignement de Baucher, Branle-bas. Selle français avec des origines pur-sang, 1,73 m au garrot, bai. Son principal problème : il était amoureux de l’homme, donc parfaitement irrespectueux. Il avait été nourri au biberon : il vous prenait pour un copain. Un cheval qui vous mordille par affection, vous fait très mal. Encore pire s’il vous pose, toujours affectueusement ses antérieurs sur vos épaules.

Télécharger

Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.