Sphinx Assassine's by Isabelle Fourié & Robyne Max Chavalan

Sphinx Assassine's by Isabelle Fourié & Robyne Max Chavalan

Auteur:Isabelle Fourié & Robyne Max Chavalan [Isabelle Fourié & Robyne Max Chavalan]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Black Ink Editions
Publié: 2022-05-12T22:00:00+00:00


Nael

Je n’ai jamais été aussi heureux de payer une blinde pour une chambre. Les dégâts en valaient la peine. Au moins, ceux-là sont réparables. Rien qu’un peu d’argent et une poignée de main ne puissent arranger.

Par contre, les dommages laissés par Karim dans son sillage risquent d’être irréversibles. Et ils ont le don de me foutre hors de moi.

« Tu faisais la pute pour Karim dès le départ, je me trompe ? »

Oui, tu te goures totalement, Amytis. Notre amitié était bien réelle, interdite, profonde. J’ai succombé à l’ambre de tes yeux dès notre première rencontre. À l’instant précis où tes petits doigts ont glissé ce loukoum entre mes lèvres abîmées, tu es devenue primordiale à ma vie.

« Tu n’as jamais été réellement mon ami, n’est-ce pas ? »

Comment ! Comment ose-t-elle prétendre ce genre de chose ?

J’ai trahi les Assassines, Selenka la première.

J’ai suivi les ordres des Sphinx, ceux de Karim.

Elle a été prise dans la tourmente de la bataille.

J’ai essayé. Si fort. Si longtemps. Si difficilement. J’ai tenté de la sortir de l’enfer. En parlant des ténèbres, si je plonge… elle m’accompagne. Je suis un Osiris et le royaume des morts est mon domaine, celui de nos souffrances passées, présentes et à venir.

Tandis que mon rictus sadique étire la commissure de ma lèvre, elle darde une nouvelle fois le bout de sa langue. Puis, avec lenteur, elle redessine le contour de ma bouche.

Petite chatte en chaleur…

Une claque contre son épaule, elle recule. Ses paumes s’appuient contre le mur ; j’avance vers elle.

Je plaque mon front contre le sien.

Seul un souffle sépare nos corps.

À l’extérieur, le désert hurle. Il crie à l’infamie, à l’hérésie et à la mésalliance. La tempête de sable s’est levée. Le système de sécurité du bâtiment s’enclenche. L’électricité se coupe, nous enfermant dans notre chambre le temps que les groupes électrogènes prennent le relais. Pour l’instant, seules les lampes de secours percent la pièce d’une lumière pâle.

La semi-pénombre enveloppe notre chaos d’un calme inquiétant. Comme si les tourbillons de sable ne faisaient pas rage à l’extérieur, mais plutôt à l’intérieur de nos cœurs.

— Je devrais te tuer, murmuré-je. Je devrais…

— Qu’est-ce que tu attends ? persifle-t-elle.

— Que tu abdiques. Que tu avoues que tu es amoureuse de moi depuis que tu as six ans.

— Jamais ! éructe-t-elle.

Sans changer de position, elle éclate de rire. Un rire que je n’ai pas entendu depuis seize ans. Son rire. Le vrai.

Je cale mes paumes de part et d’autre de son visage.

Sa main caresse mon poignet, remonte le long de mon avant-bras, embrase mon biceps. Puis, avec violence, elle agrippe ma nuque. Écrase ma plaie volontairement.

La douleur me déchire par la moitié, s’étire le long de ma colonne vertébrale.

Pas question de céder.

Petite chatte sadique…

— Encore, susurré-je.

Elle resserre son emprise ; j’inspire pour canaliser l’élancement.

Elle soupire.

Son index glisse le long de ma mâchoire. Son ongle crisse contre ma barbe naissante, griffe mon cou, s’incruste dans mon sternum, s’arrête sur ma scarification.

Là, juste au-dessus de mon cœur, elle pose sa paume.

Sa chaleur répand une onde électrique comme le ferait un défibrillateur.



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