Souvenirs d'un médecin de Paris by Hippolyte Mettais

Souvenirs d'un médecin de Paris by Hippolyte Mettais

Auteur:Hippolyte Mettais [Mettais, Hippolyte]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Roman, Société, Littérature française, 19e
Éditeur: Bibliothèque numérique romande
Publié: 2023-12-23T00:00:00+00:00


XI.

Je me fixai aux environs de Blois, assez près de la Maison Noire, que je revis de nouveau. Ce n’était plus un sépulcre ; elle était riante d’aspect et de bonheur.

Elle était à cette heure le séjour d’un jeune couple de villageois qui paraissaient complètement ignorer l’histoire de l’ancien propriétaire de leur maison. Ils ne connaissaient Paul que pour un habile guérisseur.

Pauvre Paul, où était-il ? J’avais quitté Paris sans le revoir.

Le temps de venir de nouveau me serrer la main, comme il me l’avait promis, n’était pas encore arrivé sans doute, puisqu’il n’avait fait aucune démarche pour revenir vers moi.

Je restai trois ans à la campagne. Trois ans ! ce fut assez pour conquérir une congestion cérébrale, des rhumatismes et la perte d’un sens. Le reste de mes facultés menaçant de me quitter aussi, je revins à Paris où, prenant alors la patience d’un homme qui veut, je me casai à mon aise, après avoir passé une année entière dans le repos, à refaire ma machine détraquée par le travail forcé auquel je m’étais condamné à la campagne.

J’eus dans cette année occasion d’utiliser fructueusement et agréablement mes loisirs. Le hasard me lia avec M. Ricard, l’un des plus célèbres magnétiseurs de l’époque. C’était pour moi une bonne fortune, car je ne connaissais le magnétisme que par les articles et les boutades de M. le docteur Bouillaud, qui en disait beaucoup de mal, et par les narrations de quelques-uns de mes amis, qui en disaient beaucoup de bien.

M. Ricard avait tenu pendant longtemps le cours de magnétisme à un Athénée d’amateurs de sciences, rue de Valois, comme M. le docteur Léon Simon son cours d’homéopathie à l’Athénée de la rue Saint-Guillaume.

Mais depuis quelque temps il avait transporté son cours chez lui, où tous les deux jours il enseignait, et tous les deux jours alternativement il donnait des soirées d’expérimentation. Ses salons étaient fort suivis. Il demeurait alors rue Lepelletier. J’y vis là plusieurs médecins distingués, le docteur Cerise entre autres qui suivait assez régulièrement les expériences et y prenait part. Je crois que le docteur Trousseau y vint plusieurs fois aussi ; mais je ne le vis qu’une seule fois, dans une occasion solennelle où il se trouva du reste en parfaite compagnie d’illustrations. Un procès, entaché de vilaines qualifications, avait été intenté contre M. Ricard, à l’occasion de l’exercice de sa puissance magnétique. Les cours judiciaires de Niort et de Bressuire l’avaient condamné, mais il en appelait en cassation.

Il venait donc à cet effet de s’adresser à un avocat célèbre, M. Mandaroux-Vertamy, qui lui avait dit : « Je veux bien plaider pour vous, mais plaider pour vous, c’est plaider pour le magnétisme ; prouvez-moi que le magnétisme n’est pas un mensonge ou au moins une illusion. »

C’était tout le désir de M. Ricard : aussi, pour établir cette preuve, M. Ricard institua-t-il des séances spéciales d’expérimentation, auxquelles il donna le plus d’éclat possible, et qui arrivaient fort à propos pour me rendre plus utile et plus agréable l’étude du magnétisme.



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