Sinouhé l'Egyptien-T1 by Waltari Mika

Sinouhé l'Egyptien-T1 by Waltari Mika

Auteur:Waltari,Mika
Format: mobi
Tags: Roman historique
Éditeur: Alexandriz
Publié: 1945-01-01T23:00:00+00:00


LIVRE VI

La journée du faux roi

1

Au début de ce nouveau livre, je tiens à louer le temps passé pendant lequel je pus voyager sans encombre dans tant de pays et apprendre bien des choses, car jamais je ne reverrai des jours pareils. Je parcourais un monde qui n’avait pas vu la guerre depuis une quarantaine d’années, et les soldats des rois protégeaient les routes des caravanes et les marchands, et les navires des souverains défendaient le fleuve et les mers contre les pirates. Les frontières étaient ouvertes, et marchands et voyageurs chargés d’or étaient les bienvenus dans toutes les villes, et les gens ne s’offensaient pas les uns les autres, ils s’inclinaient et mettaient les mains à la hauteur des genoux et ils s’informaient des mœurs d’autrui, et bien des personnes cultivées parlaient plusieurs langues et écrivaient deux écritures. On irriguait les champs qui portaient d’abondantes récoltes, et au lieu du Nil terrestre, le Nil céleste arrosait les prés des terres rouges. Au cours de mes voyages, les troupeaux paissaient paisiblement et les pâtres n’avaient pas de lances, mais ils jouaient du chalumeau et chantaient joyeusement. Les vignobles étaient florissants et les arbres fruitiers ployaient sous leur charge, les prêtres étaient gras et luisaient d’huile et d’onguents, et la fumée des innombrables sacrifices montait dans les cours des temples de tous les pays. Les dieux aussi se portaient bien et ils étaient propices et se réjouissaient des grasses offrandes. Les riches devenaient encore plus riches et les puissants encore plus puissants et les pauvres encore plus pauvres, ainsi que les dieux l’ont prescrit, si bien que chacun était content et que personne ne murmurait. Tel m’apparaît ce passé qui ne reviendra jamais, le temps où j’étais dans la force de l’âge et où mes membres n’étaient pas fatigués des longs voyages, et mes yeux étaient curieux et désiraient voir du nouveau et mon cœur était avide de savoir.

Pour montrer comment les conditions étaient bien organisées, je dirai que la maison de commerce du temple à Babylone me remit sans hésiter de l’or contre les tablettes d’argile écrites par celle de Simyra, et que dans chaque grande ville on pouvait acheter des vins de provenance lointaine, et dans les villes syriennes on aimait surtout le vin des collines de Babylone, tandis que les Babyloniens achetaient à prix d’or le vin de Syrie.

Après avoir ainsi glorifié ces temps heureux où le soleil était plus clair et le vent plus doux que dans notre dure époque actuelle, je vais parler de mes voyages et de tout ce que j’ai vu de mes yeux et entendu de mes oreilles. Mais il me faut d’abord dire comment je regagnai Simyra.

A mon arrivée chez moi, Kaptah accourut à ma rencontre en criant et en pleurant de joie, il se jeta à mes pieds et dit :

— Béni soit le jour qui ramène mon maître au logis ! Tu es revenu, et pourtant je te croyais mort à la guerre et j’étais sûr que tu avais été percé par une lance pour avoir négligé mes avertissements et voulu voir comment était la guerre.



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