SHEENA by Gabriel JAN

Auteur:Gabriel JAN [JAN, Gabriel]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Fleuve noir
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

CHAPITRE X

La lourde porte de métal se referma dans un bruit sec qui fut suivi d’un grincement de verrou. Sheena se crut un instant coupée du monde. On l’avait jetée toute nue dans le noir d’une cellule étroite.

Déphasée, elle entreprit d’ordonner ses pensées et comprit qu’on lui avait menti. Elle avait cru trouver l’aide qui lui permettrait de poursuivre sa quête mais était en fait enchaînée depuis qu’elle avait accepté de suivre Damis.

Et voilà qu’on l’emprisonnait pour n’avoir pas cédé au caprice d’Eropole !

Etrange femme... Pourquoi cette attirance pour une créature de même sexe ? Cela, Sheena ne le comprenait pas. Cependant, elle ne jugeait ni ne condamnait, se remémorant le trouble qui, fugitivement, s’était emparé d’elle quand Erolope l’avait caressée. Cela existait ; elle devait donc l’admettre comme une chose naturelle. Elle l’admettait, nonobstant une logique qui voulait que deux Vouhs ne pussent être complémentaires. Les humains des mondes inférieurs étaient des êtres insaisissables, surprenants.

Qu’allait-elle devenir ?

Elle ne possédait qu’un moyen pour sortir de cette prison : dire oui à la belle Erolope, accepter sa demande. Une fois libre, elle songerait à la fuite. C’était probablement la solution la plus sage.

Elle fut sur le point d’appeler pour qu’on vienne lui ouvrir. Elle chargerait la gardienne de transmettre son message à la Maîtresse. Mais elle changea d’avis. Céder aussi rapidement allait attirer les soupçons. Et puis, elle n’y tenait vraiment pas. Erolope était une femme d’une grande beauté, cela ne faisait aucun doute, cependant Sheena se jugeait incapable d’avoir avec elle l’attitude qu’elle avait eue avec Lahk.

Elle frissonna. Le froid un peu humide de la cellule glissait sur sa peau.

Combien de temps la retiendrait-on prisonnière ?

Elle aurait voulu dormir, se reposer. Car elle était debout depuis l’aube et les événements de la journée l’avaient épuisée. Elle s’allongea sur le sol de terre battue, se recroquevilla, ferma les yeux.

Dormir fut impossible. A cause de ce froid tout d’abord, et de cette foule d’idées qui se bousculaient dans son esprit.

Demain... Demain serait un autre jour. Elle céderait à Erolope. Elle céderait pour quitter cette infâme prison et préparer sa fuite.

Fuir! La seule idée directrice. Aller vers le nord. Retrouver son complément...

Elle tremblait. Cette nuit serait immonde.

Soudain, ayant entendu des bruits, Sheena se redressa. Elle se leva en se frictionnant les épaules, s’approcha de la porte, perçut un murmure. Deux femmes parlaient à voix basse. Bref échange de paroles qui se termina par un acquiescement discret suivi d’un cliquetis.

Erolope avait-elle des regrets?

La porte s’ouvrit.

Damis entra, une lampe à huile dans une main, l’autre maintenant un paquet de vêtements.

— Toi? s’exclama Sheena.

— Parle bas. Tiens ! Prends cela.

Sheena se saisit du paquet de vêtements : une tunique courte, semblable à celle que portaient les Protectrices, un long manteau de cotonnade sans couleur définie, et une paire de mocassins.

Elle s’empressa de se vêtir puis, quand elle eut chaussé le second mocassin, demanda :

— C’est Erolope qui t’envoie ?

— Non, répondit Damis. Elle ignore que je suis ici. Et elle doit continuer de l’ignorer... Ecoute, je vais t’aider à fuir.

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