Sailor et Lula by Un livres Un film

Sailor et Lula by Un livres Un film

Auteur:Un livres Un film [film, Un livres Un]
La langue: fra
Format: epub
Tags: 2016-10-11T10:01:57.980000-03:00 JF
Éditeur: Rivages Noir
Publié: 1989-12-31T23:00:00+00:00


Vie nocturne

— J’aurais rien contre un peu de vie nocturne, fit Lula. Et toi ?

Sailor ralentit doucement sur la Napoleon Avenue qui bordait le quartier. Il était neuf heures du soir et ils se trouvaient dans la ville de Nuñez, côté Louisiane de la frontière Louisiane-Texas.

— Comment savoir où ça danse dans un coin pareil, chérie, fit Sailor. Tu voudrais pas qu’on se présente à la mauvaise adresse.

— Peut-être qu’il y a un endroit où on pourrait écouter un peu de musique. Je sens que j’ai envie de danser. On pourrait se renseigner dans le coin.

Sailor tourna à gauche dans Lafitte Road et repéra une station-service Red Devil aux lumières encore allumées.

— Quelqu’un là-dedans saura quelque chose, dit-il en y engageant la voiture.

Un garçon décharné d’environ dix-huit ans, au visage boutonneux, vêtu d’une combinaison jaune crasseuse et couvert d’une casquette de base-ball noire, défraîchie, ornée d’un N en feutre rouge, s’avança vers eux.

— Le plein ?

— Merci, on en a assez, fit Sailor. On cherche un coin où il y aurait de la musique et où on pourrait aussi dîner. Y a quelque chose qui ressemble à ça dans les parages ?

— Le Cornbread’s, fit le pompiste. Country music, je crois. Mais on n’y mange pas, à part grignoter au comptoir.

Lula se coula sur la banquette et se pencha par-dessus Sailor.

— Et du rock’n roll ? demanda-t-elle.

— Y a une boîte nègre à environ deux kilomètres d’ici, tout droit dans Lafitte Street même. Mais c’est surtout une boîte pour Noirs.

— Comment ça s’appelle ? demanda Sailor.

— Le Zanzibar Club.

— Vous dites que c’est tout droit à environ deux kilomètres ?

— A peu près. Au carrefour de Lafitte Street et Galvez Highway. La Nationale 86.

— Merci, fit Sailor.

Le Zanzibar Club occupait un bâtiment de bois blanc, sur la gauche de la route, avec un ruban d’ampoules multicolores accroché sur sa façade. Sailor gara la Bonneville en face du club et coupa le moteur.

— Ça te dit ? demanda-t-il.

— On le saura vite, fit Lula.

Lorsqu’ils entrèrent, un orchestre jouait un slow, un blues, et trois ou quatre couples tanguaient sur la piste. Il y avait une douzaine de tables dans la salle. Huit de celles-ci étaient occupées et six ou sept hommes assis ou debout se tenaient au bar. Tous étaient noirs, sauf une femme, blanche, assise seule à une table, en train de fumer une cigarette, de boire de la Pearl directement au goulot.

— Viens, fit Lula en prenant Sailor par la main afin de l’entraîner sur la piste.

Le morceau, c’était « Sugar Marna » de John Lee Hooker, et Lula se glissa contre Sailor et s’y colla. Dès que l’orchestre accentua le tempo, Sailor et Lula dansèrent, vingt minutes avant que Sailor ne demande grâce et entraîne Lula vers le bar et y commande deux bières Lone Star. Le garçon, un grand type corpulent dans le début de sa cinquantaine, leur servit les bières, prit l’argent de Sailor et lui rendit la monnaie avec un large sourire.

— Un endroit accueillant ici, fils, fit le barman.



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