Rue des Macchabées by Dard Frédéric

Rue des Macchabées by Dard Frédéric

Auteur:Dard, Frédéric [Dard, Frédéric]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
ISBN: 9782265091122
Éditeur: Fleuve Noir
Publié: 1954-07-07T23:00:00+00:00


CHAPITRE XI

Ne vous montez jamais « la tête »

Je n’ai toujours pas vu la douce Isabelle… J’ignore où elle se trouve et je vois le coup que je vais me tailler à Chicago sans avoir fait sa connaissance, si toutefois sa connaissance est à faire et si ça n’est pas un morceau d’elle que j’ai en poche.

Mon premier soin, en débarquant à Paname, c’est de me précipiter au 120 du boulevard de Courcelles, afin de voir Jo. Si Jo est visible, il y a de fortes chances pour que ma douce Isabelle ait passé l’armé à gauche.

La concierge pachyderme est devant sa loge, appuyée sur un balai qui ne lui a jamais servi que de support.

Elle me regarde entrer avec un air bovin qui m’attendrit.

— Alors, maman, je lui dis, on est d’attaque à ce que je vois.

— Humf ! fait-elle.

Traduisez ça comme vous voudrez.

— Jo est-il là-haut ?

— Oui…

J’ai un petit pincement au palpitant. Donc je ne connaîtrai jamais Isabelle.

— Dites-moi, je parie qu’il a découché, cette nuit, hein ?

La grosse vache secoue la calcombe.

— Pas vrai, fait-elle. Sort plus… C’est moi que j’luis fais ses c’mission…

— Vous êtes bien certaine qu’il n’est pas sorti dans la nuit ?

— Certaine… J’dors rien… P’r’sonne a ouvert la porte…

Je fais la grimace.

Voilà que je suis obligé d’agrandir le cercle de famille. Si Jo n’est pas sorti, qui a brûlé Isabelle ? Son vieux ?…

Faudra voir à vérifier l’emploi du temps du toubib.

— C’est bon, dis-je, je monte dire bonjour à cette nave…

— Hé ! éructe la pipelette.

Je me retourne.

— J’ai l’courrier…

— Ah ! oui, j’avais oublié…

Elle pénètre dans sa tanière et ressort avec une enveloppe jaune et une carte postale.

L’enveloppe jaune est celle des Postaux… Je l’ouvre. Elle contient le second talon d’un chèque de un million cent dix mille francs établi au nom du possesseur du compte, c’est-à-dire de Ludovic Balmin. Et une fiche jointe donne la nouvelle position du compte ; celle-ci est de cent vingt francs.

Voilà qui est étrange. Cela ressemble moins à une note payée qu’à un retrait total des espèces en compte… Jusqu’ici il était question d’un chèque d’une brique, et non d’un million cent dix !

La carte postale montre l’église de Goussenville. Au verso quelques lignes disent :

« Le temps me dure affreusement. Fais vite. Ton : Jo. »

Elle est postée du vendredi.

Donc, le vendredi, Jo était encore dans la propriété du doc…

La grosse pochetée a dû lire la cartouze, car elle ne sourcille pas.

— Jo était en voyage, la semaine passée ? je demande.

— Il est resté une quinzaine parti.

— Quand est-il rentré ?

— Sam’di a’pr’midi…

« Une fois Balmin mort », songé-je.

J’enfouis le courrier du défunt dans ma fouille et je m’engage dans l’escadrin.

Pourquoi ce « fais vite » ? Comme si le retour du gars était subordonné à une décision ou à un acte de Balmin ?…

La carte a été postée le vendredi. Logiquement elle devait parvenir à destination samedi matin, c’est-à-dire avant que Balmin ne retire tout son fric des Postaux… Seul un retard des PTT…

Me voici devant la lourde.



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