Rompre le Silence by Borrmann Metchtild

Auteur:Borrmann,Metchtild [Borrmann,Metchtild]
La langue: eng
Format: epub
Tags: Roman
Éditeur: Le Masque
Publié: 2013-08-21T22:00:00+00:00

23

23 avril 1998

Au cours de l’après-midi, Robert Lubisch avait appelé son ami, Michael Dollinger. L’avocat était déjà assis à une petite table carrée, dans un coin de chez Brook, avec devant lui une bouteille du meilleur rioja, et étudiait la carte quand Robert entra. Les deux hommes avaient partagé un appartement quelque temps au cours de leurs études, et bien qu’extrêmement différents, ils étaient rapidement devenus amis. Michael était un de ces hommes que l’on ne remarquait pas, et il avait su en tirer profit. À présent, il possédait l’un des plus grands cabinets d’avocats de Hambourg. Sa société ne faisait pas la une des journaux et ne participait pas à des procès retentissants, mais elle bénéficiait de la confiance du gratin de la ville.

Quand Robert se fut installé, Michael posa la carte et dévisagea son ami d’un œil critique.

— Tu as une sale tête, dit-il sans ambages en versant du vin à Robert. Maintenant, raconte-moi tout depuis le début. Je n’ai pas bien compris ce que tu m’as expliqué au téléphone.

Robert eut un petit rire amer.

— Je ne comprends pas moi-même ce qui m’arrive.

Au cours des vingt minutes qui suivirent, le serveur se présenta trois fois à leur table pour prendre la commande et dut repartir bredouille à chaque fois. Robert relatait en toute franchise ce qui lui était arrivé, de sa découverte des papiers à la visite de la police le midi. Quand il eut terminé, Michael poussa la carte vers Robert et dit calmement en allumant un cigarillo :

— Commençons par déjeuner.

Quand ils eurent passé commande, Michael se pencha vers Robert.

— Si j’ai bien compris, tu penses être soupçonné de meurtre ?

Robert avala sa salive. Formulé aussi clairement, cela paraissait abominable, mais c’était exact. Il se passa la main sur le visage.

— Oui. Le policier m’a dit que je devais me tenir à leur disposition.

Michael balaya ces propos d’un revers de la main.

— Ça ne veut rien dire. Quel mobile aurais-tu, voyons ? Je peux m’en occuper, mais je ne pense pas que tu aies de souci à te faire.

Il regarda Robert amicalement et lui fit un clin d’œil encourageant.

— Ils vérifient tes faits et gestes parce que tu as probablement été le dernier à la voir vivante. C’est normal.

Il marqua une pause un peu plus longue, puis ajouta :

— Mais sais-tu ce que je trouve bien plus intéressant encore ? Pourquoi as-tu soudain voulu arrêter les recherches au sujet de cette femme ?

Robert répondit franchement :

— Parce qu’elle était l’épouse de ce Peters, et pas, comme je l’avais supposé, une ancienne maîtresse de mon père. Je ne voulais pas en savoir plus.

Il réfléchit un instant, puis se corrigea.

— En fait, j’ignore ce qui est arrivé autrefois, mais je sais que les choses n’ont pas pu se passer comme mon père me les a racontées.

— Et tu n’es pas curieux ?

Robert secoua la tête.

— Non, dit-il avec véhémence, plus maintenant.

On leur servit l’entrée, qu’ils mangèrent en silence. Robert prêtait l’oreille au tumulte des voix, aux rires étouffés et au tintement des verres du couple qui trinquait à la table voisine.

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