Roland Furieux - Tome 2 by Ludovico Ariosto

Roland Furieux - Tome 2 by Ludovico Ariosto

Auteur:Ludovico Ariosto [Ariosto, Ludovico]
La langue: fra
Format: epub
Tags: fiction
ISBN: 978-2-8247-0873-7
Éditeur: Bibebook
Publié: 1532-02-04T05:00:00+00:00


Chant XXXVII

ARGUMENT. – Passant en revue les écrivains divers qui ont employé leur plume à chanter les louanges du beau sexe, le poète en prend occasion pour louer Vittoria Colonna et les nobles vers consacrés par elle à la mémoire du marquis de Pescaire, son époux. Puis il introduit sur la scène Ullania, messagère de la reine de l’île Perdue, qui raconte à Roger, à Bradamante et à Marphise l’indigne coutume établie par Marganor dans son propre château à l’encontre des femmes. Les deux guerrières et Roger infligent à Marganor le châtiment qu’il a mérité.

Si, de même que les femmes courageuses ont travaillé nuit et jour, avec une suprême diligence et une longue patience, à acquérir d’autres dons que Nature ne peut donner sans travail, – d’où il est résulté des œuvres bonnes et non sans gloire – elles s’étaient adonnées à ces études qui rendent immortelles les vertus humaines ;

Et si elles avaient pu elles-mêmes transmettre à la postérité le souvenir de leurs propres mérites, sans avoir besoin de mendier l’aide des écrivains au cœur rongé par la haine et l’envie, et qui, la plupart du temps, passent sous silence le bien qu’ils peuvent en dire, tout en publiant partout le mal qu’ils en savent, leur renommée aurait surgi plus éclatante peut-être que le fut jamais celle des hommes illustres.

Beaucoup d’écrivains ne se sont pas contentés de faire servir leurs œuvres à se glorifier les uns les autres ; ils se sont efforcés de faire ressortir tout ce que l’on pouvait avoir à reprocher aux femmes. Ne voulant pas être éclipsés par elles, ils faisaient tout leur possible pour les rabaisser. Je parle des écrivains de l’antiquité ; comme si la gloire des femmes devait obscurcir la leur, de même que le brouillard obscurcit le soleil.

Jamais, il est vrai, main ni langue, émettant des paroles ou burinant le vélin, – quelque effort qu’elle ait fait ou qu’elle fasse pour augmenter et propager le mal, et diminuer adroitement le bien, – n’eut et n’a le pouvoir d’étouffer tellement la gloire des femmes, qu’il n’en reste quelque chose. Mais cette gloire est loin d’avoir l’éclat qu’elle aurait eu sans cela.

Arpalice[15] ; Tomyris[16] ; celle qui secourut Turnus[17] ; celle qui vint en aide à Hector[18] ; celle qui, suivie des gens de Sidon et de Tyr, alla, longeant le rivage d’Afrique, s’établir en Lybie[19] ; Zénobie[20] ; celle qui sauva par ses victoires les Assyriens, les Perses et les Indiens[21] ; toutes celles-là, et quelques autres encore, ne furent pas les seules à mériter par leurs armes une éternelle renommée.

Il y en a eu de fidèles, de chastes, de sages, de vaillantes, non seulement en Grèce et à Rome, mais partout, dans les Indes comme aux jardins des Hespérides où le soleil dénoue sa chevelure. Les hommages et les honneurs qu’elles s’étaient acquis sont tellement oubliés, que c’est à peine si on en nomme une sur mille ; et cela, parce que les écrivains de leur temps furent menteurs, jaloux et impitoyables pour elles.



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