[Roger 09] le songe du colporteur by Kate Sedley

[Roger 09] le songe du colporteur by Kate Sedley

Auteur:Kate Sedley [Sedley, Kate]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
ISBN: 9782264038692
Publié: 1999-01-04T23:00:00+00:00


Je trouvai sans peine le cottage d’Anne Fettiplace. En effet, la première personne que j’accostai, un sémillant jeune homme au visage rose et souriant, me dirigea droit chez elle.

— Venez, suivez-moi, je vais vous montrer, dit-il.

Il s’était donné une peine bien inutile, car la maison ne se situait qu’à quelques pas de là ; d’où il était, il aurait pu me la désigner du doigt. Mais, comme j’allais bientôt le découvrir, pareille bonhomie était caractéristique des habitants de Modbury, dont la plupart se seraient mis en six pour vous rendre service.

— Ça lui fera plaisir de voir un colporteur, ajouta-t-il. Comme à tout le monde ici, d’ailleurs. Ça fait une éternité qu’on n’a pas eu de nouvelles de l’extérieur. Vous venez de loin ? De Londres, peut-être ? suggéra-t-il, plein d’espoir.

— Non, de Bristol, fis-je, tandis que l’animation de ses traits retombait. Mais les nouvelles de Londres parviennent jusqu’à nous, lui assurai-je. Si vous me dites où vous habitez, je ferai un saut chez vous et votre femme plus tard.

— Vous voulez dire chez mes parents, corrigea-t-il, rougissant de plaisir à l’idée que je puisse le prendre pour un homme en âge d’être marié.

Il me montra du doigt sa maison, me salua poliment et s’éloigna en hâte pour aller répandre la nouvelle de mon arrivée.

Je frappai à la porte d’Anne Fettiplace et fus reçu par une femme rondouillette et potelée comme maîtresse Trenowth ou la veuve Cooper, et qui, à en juger par son apparence, ne pouvait être que leur sœur.

— Maîtresse Fettiplace ? demandai-je, quoique déjà assuré de la réponse.

Elle m’adressa un sourire confus et acquiesça.

— Je suis navrée mais je n’ai pas besoin de tes services en ce moment, me dit-elle.

Puis elle s’arrêta, l’air suspicieux.

— Mais comment sais-tu mon nom ?

— Je viens de Plymouth, où j’ai rencontré vos sœurs, expliquai-je. Elles m’ont dit de m’adresser à vous, au cas où je chercherais à me loger à Modbury, et je me suis permis de suivre leur conseil.

Son visage rond s’illumina aussitôt et elle m’ouvrit grande sa porte.

— Entre donc ! Bien sûr que je peux offrir mon toit à un ami d’Ursula et de Matty. Pose ton sac et tes affaires dans le coin, je vais te faire goûter l’une de mes meilleures bières ! Comptes-tu séjourner longtemps à Modbury ?

Tout en parlant, elle s’empressa d’aller me remplir un gobelet à un baril placé dans un autre angle de la pièce et m’invita à me mettre à table. Après avoir étanché ma soif et félicité l’hôtesse pour son excellente cervoise – compliment qui la remplit d’aise –, je déclarai :

— Avant d’abuser de votre temps et de votre bonté, maîtresse Fettiplace, il faut que je vous dise deux mots de l’affaire qui m’occupe et des circonstances qui m’ont amené à faire la connaissance de vos sœurs. Car il se peut qu’après cela, vous ne souhaitiez plus m’avoir pour hôte.

— As-tu mangé ? coupa-t-elle. C’est bientôt l’heure du dîner. J’étais sur le point de me mettre à table :



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