Remords secrets by Dexter Colin

Auteur:Dexter, Colin [Dexter, Colin]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
Éditeur: 10-18 Grands détectives
Publié: 2000-12-31T23:00:00+00:00

CHAPITRE XLI

Dès qu’une fois il atteint le sommet suprême,

Il tourne le dos à l’échelle,

Et regarde dans les nues, dédaignant les vils degrés

Par lesquels il s’est élevé.

SHAKESPEARE, Jules César.

(Traduction J.-B. Fort.)

À une bonne trentaine de kilomètres à l’ouest d’Oxford et à une bonne trentaine de kilomètres à l’est de Cheltenham, se dresse au cœur des Cotswolds la petite ville de Burford. Elle doit son intérêt architectural à la richesse des marchands de laine des XVe et XVIe siècles ; et jusqu’à la fin du XVIIe siècle, la petite communauté qui vivait là continua de prospérer, particulièrement les relais de poste utiles aux déplacements d’est en ouest. Mais la ville ne s’agrandissait plus, et le coup final fut porté en 1812, quand la grand-route de Londres, qui traversait High Street, la rue principale (aujourd’hui Sheep Street et Witney Street), fut déplacée vers le sud de la ville (tracé de l’actuelle A40). Burford demeure malgré tout un lieu enchanteur, comme s’empresseront de le déclarer les touristes qui empruntent le rond-point de l’A40. Des magasins de thé pittoresques, des boutiques d’artisanat, des écoles privées – toutes ces bâtisses construites dans le calcaire local couleur de miel pâle – bordent la douce courbe de High Street, cette artère qui mène au pont au pied de la colline, là où coule la Windrush, parmi les prairies, les champs de blé et les oiseaux de l’Oxfordshire.

gée de soixante-dix ans, Mrs. Patricia Bayley ne vivait que depuis trois ans dans Sheep Street (vide supra), agréable et paisible rue ombragée d’arbres, la première à gauche quand on vient de la colline. La date de construction de la maison, 1687, avait été gravée (mais était à présent quasiment illisible) dans la pierre grisâtre, au-dessus de la porte de cette bâtisse à deux étages équipée de fenêtres à meneaux. Son mari, distingué anthropologue de l’université d’Oxford, était mort à soixante-sept ans, deux mois seulement après sa retraite ; et quatre mois seulement après avoir fait l’acquisition de la propriété de Sheep Street. Bien souvent, elle avait envisagé de quitter cette maison et d’acheter un appartement dans l’une de ces résidences pour personnes âgées qui fleurissaient depuis une dizaine d’années à Oxford Nord : sa demeure actuelle était inutilement vaste et peu appropriée à ses besoins de femme seule. Cependant, ses enfants et ses petits-enfants (surtout eux) aimaient séjourner là avec elle et se perdre dans le dédale des pièces. Il n’y avait qu’un seul vrai problème : il fallait faire quelque chose pour les fenêtres. Le conseil municipal ne l’autoriserait jamais à les remplacer, mais les encadrements tombaient littéralement en morceaux. Et tout l’extérieur devait être repeint, des gouttières à la porte d’entrée. Devait-elle faire des travaux ? Trois semaines auparavant, elle avait bien examiné la façade. Pourrait-elle trouver ailleurs un endroit plus agréable que celui-ci ?

Non ! Elle resterait donc.

Elle avait consulté les Pages jaunes et trouvé Barron, J., Entrepreneur et décorateur ; il n’était pas très loin – à Lower Swinstead. Elle l’avait appelé et il était passé faire une estimation.

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