Quatre du Congo by Patrice Franceschi

Quatre du Congo by Patrice Franceschi

Auteur:Patrice Franceschi [Franceschi, Patrice]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Roman
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


Vendredi 1er août

J’émerge de ma torpeur. Philippe, recroquevillé près de moi, dort toujours. Je me lève sans bruit et sors de la case.

Les Pygmées m’accueillent avec de grands sourires et les bruits de voix réveillent Philippe qui ne tarde pas à me rejoindre.

Là encore, comme au moment de notre arrivée à Brazzaville, c’est avec le jour que nous découvrons le site où nous nous trouvons. Et notre premier souci, notre premier désir est d’en faire le tour.

Le village de Ganzikolo est en fait composé de cinq « quartiers », enserrés dans une végétation exubérante et séparés d’une centaine de mètres les uns des autres. Seul un étroit sentier relie ces villages dont deux sont exclusivement réservés aux Pygmées et les trois derniers aux Bantous. Ceux-ci sont les mieux situés car ils longent la rive de la Sangha.

C’est dans le cinquième quartier que vivent chefs et notables bantous. Nous trouvons le « Président » assis devant le pas de sa case, la seule qui soit bâtie en parpaings de boue : preuve irréfutable, visible et ostentatoire de son niveau social.

Pour l’instant, le Président mange un plat de chenilles grillées. Autour de lui s’affairent trois ou quatre enfants, empressés à satisfaire ses désirs.

Nous le saluons et lui demandons où nous pourrions trouver à manger. Entre deux bouchées goulues, il répond :

— Je mange pour moi et on va voir après, hein !

Aucun égoïsme dans ce ton qui s’est très radouci depuis la veille. Non. Rien que des paroles tout à fait naturelles. Et nous regardons la scène avec un certain dégoût. Nous avons la désagréable impression d’être en face d’un roitelet de village.

Une fois son repas terminé, un enfant lui apporte de l’eau pour se laver. Il se dégraisse les mains puis nous entraîne à travers le village pour y chercher de la nourriture. Cela nous permet de constater que notre Président est un cas, une figure, car tous nous offrent avec de grands sourires des arachides ou des bananes douces.

Il nous mène ensuite tout au bout du village, près de la rive du fleuve. Là, poussent des cacaotiers, des manguiers, des corosoliers, des mandariniers.

Il s’arrête près de l’un d’eux et appelle les quelques enfants qui nous suivent. Il enlève alors des branches basses d’étranges objets faits de bouts de ferrailles et d’étoffes : des gris-gris.

— C’est pour pas que les enfants y viennent prendre les fruits, explique-t-il. On leur dit que s’ils touchent quand il y a les gris-gris… Pan… ! Ils sont morts. Ha ! ha ! ha !…

Très drôle.

Une fois les gris-gris enlevés, les enfants grimpent avec agilité et nous ramènent de pleines poignées de mandarines. Une seule est réellement mûre et le Président la prend pour lui.

Nous passons toute la matinée avec ce personnage curieux. Nous posons quelques questions :

— Beaucoup de Pygmées vivent ici ?

Nous nous intéressons encore aux Pygmées !… Il manque s’étouffer.

— Ce sont tous des voleurs ! glapit-il. Ici, il y en a plein. Mais à Ikélemba, c’est trop. Hou ! là ! là ! trop… mais alors trop !

— Et que font-ils pendant la journée ?

— Eh ! ils ne font rien.



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