Histoire de Venise by Alvise Zorzi

Histoire de Venise by Alvise Zorzi

Auteur:Alvise Zorzi [Zorzi, Alvise]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Histoire
Publié: 2015-09-14T22:00:00+00:00


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Et la ville ? Avec ses 175 000 habitants, c’est la New York du XVIe siècle ; mais, pour la liberté des costumes, pour son attrait intellectuel, pour l’attirance qu’elle suscite, elle n’est comparable qu’au Paris d’avant la Seconde Guerre mondiale.

D’un point de vue économico-social, elle réunit, à l’époque de la plus grande poussée économique, les mérites et les défauts d’une métropole moderne. Même si une grande partie de ses habitants exerce un métier qui, surtout à la fin du siècle, sera rétribué avec une certaine largesse, les inégalités restent importantes ; venant encore les accentuer, on assiste à une fièvre de consommation qui s’exprime chez les riches par un désir de construction, de collection et de magnificence, et chez les moins riches en une sorte de frénésie de jouissance. Les pauvres, protégés il est vrai par une loi avisée votée en 1529 pour réglementer l’assistance publique, se retrouvent exposés par les disettes et les augmentations de prix du grain à des périodes de graves restrictions.

Comme dans les métropoles actuelles, à côté des possédants, des fortunés, de ceux qui gagnent et s’enrichissent, à côté des dirigeants de l’économie qui font plus que jamais le siège de Rialto, à côté des travailleurs de l’industrie qui vivent dans une relative aisance, les marginaux, les parias ne manquent pas.

Et d’abord, les prisonniers. Nous avons vu le jugement favorable que portait un Allemand sur les prisons vénitiennes au début du siècle ; dans la seconde moitié du XVIe siècle, on se préoccupe sérieusement des conditions d’hygiène dans les lieux de détention, on prend des mesures, et avant la fin du siècle, on va décider la construction des nouvelles prisons du pont de la Paglia, qui passeront à l’époque pour révolutionnaires (elles resteront en fonction jusqu’en 1926). L’apôtre vicentin Gaétan de Thienne, avec l’appui de l’Etat, prodigue ses soins aux victimes du nouveau et terrible fléau, la syphilis, le fameux « mal français » ; dans son hôpital des Incurables, officient des infirmiers d’exception comme Ignace de Loyola et François Xavier. Mais l’État intervient par le truchement des provéditeurs à la santé chaque fois que sévit la peste, qui va revenir avec ponctualité tout au long du siècle. Si les nobles fortunés s’intéressent aux malheurs de la noblesse miséreuse à travers des legs et des fondations, c’est encore l’État qui embarque sur les navires de jeunes garçons abandonnés afin qu’ils apprennent le métier de marin, qui les place auprès de maîtres de différents métiers d’art pour en faire des ouvriers spécialisés ou des artisans, qui encourage l’initiative de Girolamo Miani, fondateur d’une école des arts et métiers. Et c’est l’État qui oblige les notaires à inciter ceux qui font leur testament à laisser une partie de leur héritage aux institutions d’assistance.

Les esclaves sont de plus en plus nombreux. Marchandise recherchée depuis les temps les plus reculés du Pactum Lotharii, leur commerce n’a certes jamais été un monopole vénitien. Désormais, tous le pratiquent en Méditerranée : le marché ne s’approvisionne plus comme naguère sur les rives



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