Quand les deux soleils se coucheront by jan de fast

Auteur:jan de fast [fast, jan de]
La langue: fra
Format: epub
Tags: FNA, SF FR
Éditeur: Fleuve noir
Publié: 2011-03-11T23:00:00+00:00

CHAPITRE IX

Le premier signe de la présence de la résidence seigneuriale fut, après une trouée au travers de taillis épais, l'élargissement du chemin qui, bordé de buissons réguliers, se transformait en allée. Cinq cents mètres plus loin, commentait le domaine. Les abords en étaient matérialisés par une enceinte qui s'étendait très loin de part et d'autre, presque à perte de vue. Il ne s'agissait pas de la simple barrière symbolique d'un enclos de pacage, mais d'une véritable muraille de bois édifiée sur un soubassement des grosses pierres, le tout mesurant environ quatre mètres de hauteur. Au pied de cette palissade et vers l'extérieur, le sol était creusé par une sorte de fossé artificiel qui ne contenait d'ailleurs pas d'eau et ne devait être là que pour augmenter la difficulté d'une escalade éventuelle ; il était visible que l'ouvrage était de nature militaire. Alan se remémorait ce qu'il savait sur le rôle social des Damans, très semblable, au fond, à celui des barons du Moyen Age et comme eux chargés d'assurer la police sur les territoires qui leur étaient dévolus. Mission de protection du Num et de sa province, impliquant évidemment la nécessité de se protéger soi-même. A en juger par l'étendue du front, la superficie ainsi délimitée devait être importante, une centaine d'hectares au moins, et Alan chercha à s'imaginer l'énorme travail que devait constituer la réfection de cette barrière étirée sur quatre kilomètres après les inévitables dégâts causés par la débâcle des glaces. Il est vrai que cela n'arrivait que tous les soixante ans.

L'accès était représenté par un lourd portail encadré par deux piliers de maçonnerie. Pas de pont-levis, bien sûr, puisque les fossés étaient secs, mais toute la dernière partie du glacis étant dénudée, les archers pouvaient aisément interdire toute approche. Pour l'instant, les battants étaient largement ouverts et, à l'exception de deux Rhets. juchés sur la passerelle du chemin de ronde intérieur, personne ne semblait monter la garde. L'allée se poursuivait au milieu d'une prairie pendant encore quelques centaines de mètres puis, de part et d'autre, quelques baraquements apparurent qu'ils dépassèrent et, enfin, derrière un rideau d'arbres, se montra la résidence elle-même, un long bâtiment grisâtre surmonté d'un étage et entièrement édifié en grosses pierres soutenant une terrasse bombée. Pas de toit démontable, comme dans les maisons des Nummos, l'ensemble avec ses étroites fenêtres était construit à la manière d'une forteresse et certainement à même de supporter, sans dommage, l'entassement des neiges. L'avantage de cette technique était évident : au moment du réveil et de la grande fonte, palissades et fossés étaient hors de service et il était alors possible d'investir et d'attaquer directement le château. Donc, celui-ci devait être capable de résister par lui même sans avoir au préalable à rétablir ses défenses extérieures. Là comme ailleurs, le cycle particulier d'Arwill imposait ses lois, ses différences profondes avec toutes les autres planètes terramorphes évoluant le long d'orbites circulaires. A aucun moment, l'envoyé d'Alpha ne pouvait oublier que ce soleil blanc qui emplissait maintenant le paysage d'une

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