Piège à la une by Selly Giova

Auteur:Selly,Giova [Selly,Giova]
La langue: fra
Format: epub
Tags: FNSP [1229]
Éditeur: Fleuve Noir Spécial-Police
Publié: 2015-07-26T23:00:00+00:00

CHAPITRE XI

Emmanuelle s’étira comme une chatte, sortit un bras brun de dessous les couvertures et attrapa le téléphone dont le grelottement venait de la tirer d’un engourdissement bienheureux.

— Oui…

— Bonjour, charmante, fit Antoine avec un sourire. Je voudrais parler à votre partenaire.

— Mathieu ? demanda-t-elle en bâillant.

— Exact, ma toute belle… Dites donc, si votre plumage se rapporte à votre ramage…

Emmanuelle leva les yeux au ciel.

— Ne vous fatiguez pas, mon cher. Je connais la chanson. Je vous passe Mathieu.

Elle posa le récepteur sur la poitrine de Mathieu et le promena doucement jusqu’à son oreille.

— Parle… on t’écoute, dit-elle doucement.

Mathieu grogna et se souleva sur un coude.

— Oui…

— Dis donc, tu joues un peu trop les filles de l’air à mon goût, commença Antoine. Il faut qu’on se voie.

— Quand tu veux, répliqua Mathieu avec un regard oblique vers Emmanuelle.

La jeune femme comprit et, dévoilant un splendide corps bronzé, elle s’éloigna vers la salle de bains.

— Tu as lu le journal, aujourd’hui, ou tu as passé ton temps au lit ? demanda Antoine.

— J’ai passé ma journée au lit. C’est samedi, aujourd’hui, expliqua Mathieu.

— Je t’annonce qu’Hubert s’est suicidé, qu’il y a un nouvel article dans le journal et que Charly m’a appelé.

— Merde ! lança Mathieu.

— Eh oui ! Monsieur ne s’en fait pas, file le parfait amour et oublie dans les bras d’une jolie fille qu’il risque sa peau.

— Et alors, qu’est-ce que tu conclus ?

— La même chose que toi ! hurla Antoine dans le téléphone.

— Je ne conclus rien, répliqua Mathieu, froidement. Je n’ai pas encore lu l’article.

— Eh bien, je te conseille de te grouiller. Et puis, écoute, mon vieux, dépose tes grands airs au vestiaire. J’ai plus vingt ans. Ça ne m’impressionne plus. Rappelle-moi donc quand tu auras les esprits plus clairs.

Antoine avait raccroché rageusement. Mathieu reposa doucement le téléphone et se frotta le menton.

Un nouvel article… Hubert pouvait très bien l’avoir déjà envoyé avant de… Tout dépendait de ce qu’il y avait dans l’article.

Emmanuelle pointa son nez à la porte de la salle de bains et observa Mathieu sans qu’il s’en rende compte.

— Des problèmes ? demanda-t-elle en s’approchant, drapée dans une longue serviette de bain bleu nuit.

Mathieu lui sourit et, la prenant par la taille, la bascula dans le lit.

— Quelques petits ennuis dans les affaires. Rien de grave, dit-il en déposant de légers baisers sur son visage. Tu as faim ?

— Faim et soif. Je voudrais un thé au lait avec des croissants.

— A 5 heures de l’après-midi ?

— Pourquoi pas puisque j’en ai envie ?

— D’accord, dit Mathieu avec un dernier baiser. Ensuite, tu t’éclipses.

Elle acquiesça d’un battement de paupières et, tendant les deux bras, agrippa son cou pour l’attirer à elle. Mathieu ferma les yeux et se laissa embrasser et palper. Emmanuelle avait une certaine science pour cela. Heureusement qu’il avait demandé à la réception qu’on ne le dérange pas jusqu’à cette heure. Sacré Antoine ! Pendu au téléphone depuis ce matin, sûr !

*

Gremaud bourrait consciencieusement sa pipe. Julius,

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