Personne ne veut savoir by Alicia Giménez Bartlett

Personne ne veut savoir by Alicia Giménez Bartlett

Auteur:Alicia Giménez Bartlett [Bartlett, Alicia Giménez]
La langue: fra
Format: epub
Tags: thriller
ISBN: 9782743634148
Éditeur: Rivages
Publié: 2015-11-14T23:00:00+00:00


12

Le lendemain matin, Marianna Mazzullo nous confirma son intention de collaborer. Abate s’était chargé de la convaincre. Je le félicitai d’avoir si facilement atteint l’objectif – une heure à peine avait suffi –, mais il refusa d’en dire davantage, estimant que ça n’avait guère d’importance. Selon lui, Marianna n’avait pas grand-chose à perdre. Elle ne courait aucun risque physique et Catania avait de fortes chances d’être arrêté. C’était l’occasion rêvée pour elle de se libérer définitivement des griffes de ce cinglé.

Les choses furent rondement menées. À midi, un policier monta chez Marianna habillé en coursier et lui remit un uniforme identique au sien. Ainsi vêtue, elle ressortit quelques minutes plus tard sans éveiller les soupçons et rejoignit un véhicule de la police garé quelques rues plus loin. Elle fut conduite à l’hôtel dei Fiori, proche de la gare Termini, où elle prit possession d’une chambre réservée sous un faux nom. Tout se déroula sans anicroche. Abate avait réfléchi à cette ruse pour garantir la sécurité de la jeune femme. Cependant nous ne pouvions pas être certains que Catania n’avait pas un informateur ou un complice dans l’un des immeubles voisins. Nous nous installâmes dans une chambre de l’hôtel dei Fiori.

À partir de là, le temps s’écoula avec une lenteur incroyable. La journée entière, et puis toute la nuit. Garzón, Gabriella, Abate et moi nous relayions pour dormir. Personne n’y parvenait vraiment. Une deuxième journée passa. Nous avions fini par croire que l’ispettore* avait eu une mauvaise intuition : Catania n’appellerait pas. Pourtant, Maurizio semblait ne pas trop s’en faire. La foi qu’il avait en ses idées, ou peut-être en lui-même, lui permettait de rester détendu ; une attente aussi longue était une chose tout à fait naturelle. À 21 h 30, le deuxième soir, alors que nous nous organisions pour le premier quart de la nuit, le mobile de Marianna se mit à sonner. Abate fit un geste de la main et prit les écouteurs. Il monta le son pour que tout le monde puisse entendre. C’était Rocco Catania, il appelait depuis un numéro inconnu.

« Marianna, c’est moi.

– Rocco, qu’est-ce que tu veux encore ?

– Ta ligne ne répond pas et les flics ne sont plus devant chez toi.

– Ils m’ont enfin lâchée.

– T’es où ?

– Tu voudrais que je te le dise alors que tu veux me buter ?

– Ils t’ont planquée ailleurs.

– Non, c’est moi qui suis partie.

– Ton téléphone est sur écoute ?

– Je te dis que non, Rocco, je te le jure. Ces enfoirés m’ont enfin laissée tranquille.

– Je te crois pas.

– Tu t’imagines que je parlerais comme ça s’ils m’écoutaient ?

– J’ai pas confiance. Je vais changer de cabine, je te rappelle tout de suite. »

Il raccrocha. Nous respirâmes à nouveau, puis nous nous étirâmes, toussâmes, comme si la tension accumulée nous obligeait à renaître. J’étais impressionnée par les dons d’actrice de Mazzullo. Elle avait vraiment décidé de se ranger du côté de la loi. Elle ne se contentait pas de jouer un rôle devant nous, elle l’incarnait totalement.



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