PERSONNE N'AIME LES GROSSES ! (French Edition) by Erica Fani

PERSONNE N'AIME LES GROSSES ! (French Edition) by Erica Fani

Auteur:Erica Fani [Fani, Erica]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2015-01-14T23:00:00+00:00


L’effet secondaire, le monstre, apparu d’un coup quand totalement à jeun lors de la soirée de lancement de la ligne de laits corporels, une odeur nauséabonde envahi mes narines. Je fronçais nez et sourcils, cherchais en reniflant les invités, les journalistes, m’éloignais de certains, puis m’écartant d’autres, cherchant de l’air sur le grand balcon, allant finalement rendre tout mon dîner dans les toilettes des femmes – ce qui était pire que tout ! L’odeur me suivait partout. Je croyais devenir folle, je m’aspergeais du parfum nouvellement créé que j’avais dans mon sac, en en mettant sur une serviette de table et l’approchait près de mon nez. L’affaire n’était pas arrangée mais au moins, mes nausées avaient cessé. Je n’avais jamais eu autant de mal à tenir des conversations que cette nuit-là où chaque bouche s’ouvrant devant moi était une plongée dans un égout infecté.

Mon don devenait ma malédiction.

Sans doute que trop sollicité, il m’avait complétement défoncé le cerveau alors l’impression d’une constante mauvaise odeur demeurait même quand il n’y avait rien. Je voyais spécialistes et médecins, personne ne trouvait rien d’anormal chez moi ni n’avait jamais connu de cas similaire.

Les psys se régalaient de mes déclarations griffonnant sur leurs calepins mais ne proposant aucune solution de guérison. Je me sentais désemparée et pendant ce temps mon nom était dans toutes les bouches, les parfums faisaient un tabac dans le monde entier, le chiffre d’affaire explosait, je devenais multimillionnaire, prisée, indispensable à la société, enfin, tout ce que j’avais rêvé. Seulement, je ne pouvais plus aller aux toilettes. Des façons de m’en sortir, j’en trouvais quelques-uns : le mouchoir imbibé de parfum sur les narines, les heures passées dans l’institut de beauté baignée dans les laits parfumés, mais les toilettes rien n’y faisait. Vraiment rien n’y faisait.

Alors je décidais tout simplement de ne plus y faire quoique ce soit. Evidemment que tout le monde a besoin d’aller aux toilettes, je faisais juste en sorte de n’y aller que le moins possible. Je buvais très rarement et ne mangeais plus.

C’était dur, très dur pour une jeune femme obèse comme moi qui avait bien des mauvaises habitudes alimentaires à son actif, de ne plus rien avaler afin d’éviter le passage aux toilettes. Puis au bout d’un certain temps, je devenais anorexique. Je perdais du poids, on me félicitait me croyant au régime. On me complimentait alors que je n’avais l’air de rien : les mouchoirs contre mes narines avaient créés des rougeurs sur tout le bas de mon visage, je criais sur tout le monde tout le temps, insupportable, exécrable, démoniaque et interdisais à quiconque de manger ou boire devant moi. Des cernes énormes se formaient sous mes yeux, et j’avais constamment des migraines.

J’étais un calvaire pour moi-même, regrettant la création des laits, savons et parfums, regrettant la mort d’Andrée, regrettant de faire partie d’une société si inhumaine, d’une espèce si cruelle, d’une famille si bonne à rien, regrettant d’être venue au monde.

Finalement, le mardi de la semaine trente-trois depuis le début de cette aventure, je décidais de me souler jusqu’à la mort.



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