Perfidies en Birmanie by Bruce Josette

Auteur:Bruce,Josette [Bruce,Josette]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Espionnage
Éditeur: Presses de la Cité
Publié: 1976-01-22T05:00:00+00:00

CHAPITRE

10

TAPI derrière un massif de fleurs odoriférantes, Enrique faillit se laisser surprendre.

Toute son attention était concentrée dans deux directions. La maison, que ses occupants s’apprêtaient visiblement à évacuer. Et le minuscule écouteur glissé dans son conduit auriculaire, pour le cas où Hubert aurait murmuré quelques instructions à son intention.

Il s’en fallut de très peu que le type arrivant sans bruit par-derrière ne lui tombe dessus sans qu’il s’en rende compte.

Enrique possédait heureusement une sorte d’instinct pour ce genre de choses. Il sut qu’il était en danger une demi-seconde avant que le craquement d’une brindille, juste dans son dos, ne le lui confirme. Il comprit tout à la fois que l’inconnu ne l’avait pas encore repéré et qu’il allait littéralement lui marcher dessus.

Aucune hésitation n’était permise. Bandant ses muscles, Enrique bondit.

Le type n’était plus qu’à trois mètres. En dépit de la surprise, ses réflexes jouèrent en partie. L’automatique qu’il tenait à la main se releva comme un ressort.

Un poil trop tard… Enrique s’était déjà engagé à l’intérieur de la garde, détournant le bras armé, frappant en sabre à la tempe, doublant d’un formidable coup de boule en plein entre les deux yeux, crochant pour éviter que sa victime ne parte trop bruyamment en arrière au milieu des feuillages. Malgré tout, l’index se crispa convulsivement sur la détente du pistolet. La détonation, bien qu’assourdie par un silencieux, emplit les oreilles d’Enrique et fut perceptible dans le calme de la nuit.

La malchance voulut que les occupants de la maison choisissent cet instant précis pour vider les lieux. Ils durent se croire attaqués par un ennemi embusqué dans le jardin.

Ils disposaient, eux aussi, d’armes équipées de silencieux et ripostèrent aussitôt. Plusieurs balles ronflèrent au-dessus d’Enrique qui s’était empressé de plonger à terre.

Sage prudence, même si l’obscurité et les feuillages jouaient en sa faveur. Un projectile errant est tout aussi nocif qu’un autre.

Pour le reste, ce fut une belle galopade. Le nez dans l’humus mouillé, Enrique entendit les fugitifs battre en retraite à toutes jambes. Une dernière balle, tirée au hasard, s’enfonça dans le tronc d’un arbre avec un claquement sec. Encore heureux qu’ils n’aient pas eu de grenades.

Du côté de la rue, plusieurs portières furent ouvertes et refermées à la volée cependant qu’un moteur se mettait à ronfler. Un grincement de pignons maltraités et la voiture démarra dans un crissement de pneus.

Enrique n’avait pas attendu pour se relever. Haussant les épaules avec fatalisme, il songea que ce serait ennuyeux pour Hubert si les gens de la maison s’imaginaient qu’ils étaient guettés à la sortie. Ils risquaient de penser qu’il avait cherché à les doubler. Dans ce cas, les contacts ultérieurs n’en seraient pas facilités.

L’inconnu assommé ne portait aucun papier susceptible de fournir une indication sur son identité. De toute façon, les documents auraient été rédigés en sanskrit, écriture parfaitement hermétique pour lui. Enrique le gratifia d’un coup de crosse sur le crâne pour avoir la paix. Il serait toujours temps de le réveiller pour obtenir quelques explications.

Pour l’instant, il importait de sortir Hubert de là.

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