Pentecôte by Claustriaux Geoffrey

Auteur:Claustriaux, Geoffrey [Geoffrey, Claustriaux,]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Roman Policier, Thriller
Éditeur: Éditions Dricot
Publié: 2015-09-02T00:00:00+00:00

28 – 27 mai

Brest

12 jours avant la Pentecôte

Le préfet Bertrand Villeneuve habitait après l’Océanopolis, le long de la principale voie d’accès au port, dans une rue située à quelques dizaines de mètres du château de Brest, là où en 537 le comte Chunaire de Goëlo avait fait enfermer sa jeune femme Azénor qu’il croyait infidèle. C’était un endroit calme malgré la présence des quais, principalement connu pour la magnifique forteresse qui témoignait de la puissance des comtes de Léon jusqu’au milieu du XIVe siècle, mais que Enrique trouvait peu avenant. Il y avait quelque chose qui le mettait mal à l’aise à la fois chez Bertrand Villeneuve et dans son domaine. Comme si la corruption dans laquelle baignait le préfet à longueur de journée avait fini par contaminer les murs de sa maison. Le parc qui l’entourait, avec ses allées de gravier, ses bassins artificiels et ses bosquets trop verts pour être honnêtes, avait été créé de toutes pièces à grands coups de pelleteuses par des paysagistes grassement payés et semblait en totale inadéquation avec ses alentours.

La maison elle-même était moderne, carrée, sans âme. Elle se composait de deux ailes reliées par un bâtiment central qui contenait la chambre et le salon. En la voyant, Enrique ne pouvait s’empêcher de penser, à chaque fois, à une version affreusement moderne du Château de Moulinsart. De grandes baies vitrées s’ouvraient sur des pièces immensément vides : un canapé par-ci, un meuble par-là. Les rares touches de couleurs provenaient des reproductions de tableaux célèbres accrochés aux murs blancs, comme des trophées.

Loussaut conduisit la Peugeot sur la route qui traversait le parc jusqu’à une petite aire de stationnement où deux Mercedes les accueillirent. La porte d’entrée était fermée, la maison silencieuse, mis à part le son lointain et étouffé d’un taille-haie. Ce n’était pas inhabituel : Bertrand Villeneuve ne recevait personne à son domicile. Son assistant avait clairement précisé qu’il ne voulait pas être dérangé, sauf en cas d’affaire d’extrême importance. Le meurtre d’Hubert de Martigues en était une.

Le système de sécurité du domaine était impressionnant, avec des grilles à ouverture télécommandée et quelques caméras de surveillance dispersées dans le parc. Sans compter que depuis la mort de son beau-frère, Villeneuve avait fait doubler les effectifs de sa garde personnelle.

Loussaut se présenta devant la porte d’entrée sous l’œil attentif des caméras, sonna et attendit. Derrière lui, Enrique trépignait sur place, le visage fermé, l’esprit visiblement ailleurs. Il n’avait pas beaucoup dormi, à en croire les cernes qui soulignaient ses yeux. Il prit son iPhone, constata qu’il n’avait reçu aucun appel, aucun SMS, puis le rangea dans sa poche. Toujours rien. Il n’avait plus de nouvelles de Vaness depuis maintenant deux jours. Depuis le 25 mai à 21 heures 32 pour être précis, quand elle lui avait annoncé que le corps repêché dans les entrailles de Karreg était celui de son oncle. Enrique était resté sans voix, incapable de trouver les mots justes pour réconforter sa fiancée. Cette nouvelle était si inattendue, si… étrange. Par

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