Pas de fusils dans la nature - Les réponses aux chasseurs by Pierre Rigaux

Auteur:Pierre Rigaux [Rigaux, Pierre]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Nature, Animaux, Enquête
ISBN: 9782379311383
Éditeur: Humensis
Publié: 2019-09-16T22:00:00+00:00

LES LCHERS DE MALADIES

Les chasseurs ne lâchent pas seulement des animaux, ils lâchent aussi des maladies dans la nature. Les élevages d’animaux pour la chasse sont connus des vétérinaires pour être des nids d’agents pathogènes.

La concentration des animaux, leur fragilité due à leur stress immense, le transfert des poussins d’un élevage à l’autre, tout ceci favorise le développement et la diffusion des parasites, des bactéries et des virus. Une cinquantaine de maladies sont recensées dans les élevages de faisans et de perdrix en France. Les traitements systématiques empêchent la plupart des épidémies, mais il en survient périodiquement. Les éleveurs ne s’en vantent évidemment pas. Les dirigeants de la chasse non plus. Curieusement, le risque sanitaire dû aux lâchers est très peu évoqué dans la bibliographie française spécialisée sur la chasse. Il faut dire que les études et écrits sur le sujet proviennent essentiellement du milieu cynégétique lui-même217.

Quelques exemples de contamination par des lâchers sont toutefois documentés en France, par exemple celle de faisans sauvages par des faisans d’élevage atteints de syngamose. Cette maladie respiratoire due à un ver parasite touche d’autres oiseaux, notamment les perdrix. De manière générale, des faisans lâchés peuvent être porteurs de parasites sans présenter aucun symptôme. Le contrôle des lâchers étant inexistant, tout peut arriver.218

Les problèmes sanitaires dus aux lâchers ne datent pas d’hier et sont mieux documentés dans d’autres pays. Dès 1958, en Amérique du Nord, des scientifiques ont suspecté les lâchers de faisans de jouer un rôle important dans la propagation de la fièvre encéphalite équine. Les chevaux et les humains étaient touchés par cette maladie possiblement mortelle, transmise via les moustiques. Le rôle des lâchers de faisans a été confirmé depuis, même si ces oiseaux ne sont pas les seuls réservoirs du virus.219

En Angleterre, une étude montre que des faisans lâchés dans les années 1990 étaient fréquemment porteurs d’un ver parasite (Helierakis gallinarum) qu’ils pouvaient transmettre aux perdrix, ce qui aurait entraîné un déclin de leurs effectifs. En France, l’ONCFS s’est dit très peu convaincue par cette étude. Qu’en est-il de la réalité de ce phénomène aujourd’hui ?

L’introduction de nouveaux pathogènes par les lâchers de faisans dans les populations de faisans sauvages s’est aussi produite en Espagne, en Italie et en Allemagne. Dans ce dernier pays, une étude réalisée dans les années 2000 a montré que les faisans vivant dans la nature présentaient des taux de parasitisme très élevés. La plupart de ces faisans étaient infestés de parasites liés aux élevages et aux lâchers. Cette étude a même permis de détecter deux espèces de parasites jusqu’alors inconnus en Allemagne. Nul doute que la réalisation d’une telle étude en France apporterait quelques surprises.220

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