Octavie d'Urville 03 la porte des ténèbres by Esther Brassac

Auteur:Esther Brassac [Brassac, Esther]
Format: epub
Éditeur: Editions du Chat Noir
Publié: 2024-02-19T00:00:00+00:00

CHAPITRE 26

Au petit matin, chacun se sépara. Je retournai avec James à notre appartement au-dessus du Chaudron. Dire que ce fut facile serait mentir. Des anges, absolument partout. Nous savions à quoi nous en tenir : les portes maudites avaient restitué la totalité des démons métamorphosés. Quand je pensais à la muraille et aux soldats de plomb, j’étais furieuse. Pourtant, j’y avais cru. Je poussai un long soupir afin de relâcher la pression, préférant me concentrer sur mon compagnon.

— J’aurais dû emporter mon épée, c’est impardonnable, me souffla-t-il à l’oreille alors que nous nous dissimulions dans un recoin entre un bar et un magasin de téléphonie mobile, en attendant qu’une troupe de créatures pas célestes du tout aillent voir ailleurs si elles y étaient.

— Comment aurais-tu justifié la présence de cet accessoire peu banal auprès de tes anciens collègues ?

— Une étude à achever ?

La nuit descendait doucement sur la cité londonienne. Après moult détours, nous parvînmes à destination. Le téléphone sonnait tel un fou furieux. Je me jetai dessus.

— Allo ?

— Octavie ! Bon sang, j’essaye de te joindre depuis des heures. Pourquoi éteins-tu ton portable ?

Oups ! Belle.

— Dans une bibliothèque, c’est obligatoire.

Un soupir agacé me répondit.

— Un problème ? demandai-je, inquiète malgré moi.

— Si seulement on en avait qu’un !

— Quoi ?

— Tu n’as pas remarqué en ville ?

— Les anges ! Comme Sam et Esméralda ont dû de le dire, il ne reste apparemment plus que Satan en Enfer et il est en mauvaise posture, le pauvre, puisque tous les démons ont passé l’une ou l’autre des portes.

Le pauvre ? Là, j’exagérais. Seulement, c’est plus fort que moi, je déteste voir les gens souffrir, fussent-ils des fumiers finis.

— Je sais, Octavie, j’avais un peu remarqué. Seulement, voilà, les Ordinaires ont fait appel à leur armée.

Pas dans notre secteur.

— Quelle bonne idée ! fis-je, incertaine de ce qu’il fallait en penser.

— C’est ça ! Arrête de divaguer.

Dis donc, ma copine numéro deux frôlait le syndrome majeur de mauvaise humeur !

— Des bataillons commencent à circuler dans plusieurs quartiers. Ils tentent de tuer ces empoisonneurs avec le résultat que tu imagines.

Je visualisai la scène. Les anges ridiculisaient les humains, ce qui n’arrangerait pas l’opinion de ces derniers à notre égard.

— Difficile avec des immortels, soupirai-je. Les Ordinaires vont devoir recourir à des armes de destruction massive.

— Ils le font déjà, figure-toi. On a repéré une ceinture de canons autour de Westminster. La famille royale a annoncé son départ imminent. Les ministres s’affolent. Autant te dire que la colère monte partout. Sans compter les stations de radio, les reportages à la télé qui aggravent la situation. Je ne parle même pas des réseaux sociaux. Plusieurs groupes ont été créés sur Facebook dans le but de nous traquer. Ces crétins d’humains sont évidemment incapables de faire la différence entre les anges et nous.

Les choses prenaient des proportions terrifiantes. Ces gens allaient mâcher le travail des extrémistes en nous supprimant d’avance.

— On a croisé pas mal d’anges, commentai-je, mais on n’a pas pu déterminer s’ils s’amusaient comme d’habitude.

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