À la recherche de la conscience by Christof Koch

Auteur:Christof Koch [Koch, Christof]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Psychology, Philosophy
ISBN: 9782738117120
Goodreads: 28522673
Éditeur: Odile Jacob
Publié: 2003-12-31T23:00:00+00:00

Conséquences pour la localisation des NCC

Au début de ce chapitre, j’ai affirmé que les spéculations sur les fonctions biologiques des NCC n’avaient d’intérêt que dans la mesure où elles révélaient des choses sur leur nature.

L’avant du cortex évalue, planifie et exécute les mouvements volontaires. Les aires prémotrices, préfrontales et cingulaires antérieures maintiennent actives les informations sensorielles, aident à accéder au contenu de la mémoire à long terme et manipulent toutes ces données pour la planification. Des preuves en ce sens proviennent d'observations de patients atteints de lésions du cortex frontal et d’expériences d'imagerie cérébrale chez des sujets sains19.

Si notre hypothèse du résumé exécutif est valide, alors les nœuds essentiels qui représentent l’information sensorielle explicitement doivent avoir un accès direct aux modules de planification, en particulier aux régions préfrontales et cingulaires antérieures. Il est peu probable que des liens indirects soient suffisants étant donné ce qu’on sait de la neuroanatomie corticale. De tels liens, passant par un ou plusieurs relais neuronaux, seraient trop faibles d’un point de vue biophysique pour exciter efficacement les neurones cibles. La voie essentielle doit être directe, monosynaptique.

De plus, les neurones des nœuds essentiels situés à l’arrière du cortex doivent recevoir du feed-back de l’avant du cerveau. Les NCC pour la perception d’un objet pourraient être constitués par l’activité de décharge qui circule entre des sous-ensembles de neurones du cortex temporal inférieur ou médian et le cortex préfrontal (incluant des connexions directes entre les zones temporales inférieures et l’aire de Broca impliquée dans le langage20). De même, les NCC de la perception du mouvement correspondent peut-être à une activité réverbérante entre l’aire MT et les champs oculogyres frontaux. Les aires visuelles qui ne projettent pas directement vers l’avant du cerveau ne peuvent pas participer à la conscience car l’activité des zones frontales est nécessaire pour aider la coalition à gagner la compétition.

Selon cette théorie, une personne dépourvue d’aires préfrontales et prémotrices ne doit pas être consciente. Cela est difficile à tester directement. À ma connaissance, aucun patient ayant perdu ces aires dans les deux hémisphères n'a survécu21. De plus, il n’existe pas de technique permettant d'inactiver ces aires cérébrales de manière réversible et sans danger.

Il existe néanmoins quelques expériences pertinentes. Par exemple, après ablation des cortex limbiques, pariétaux et frontaux, les singes sont fonctionnellement aveugles, c'est-à-dire incapables d’exploiter les informations visuelles. Cela suggère que la voie ventrale est insuffisante pour influencer le comportement22. Des déficits visuels ont également été mis en évidence chez des patients atteints de lésions dans le cortex dorsolatéral préfrontal, très éloignées des régions visuelles de l’arrière du cerveau23.

En règle générale, les patients atteints de lésions préfrontales ne se plaignent pas de déficits de la perception consciente. Cependant, ceux dont les hémisphères ont été séparés ne se plaignent pas non plus, bien que des expériences montrent que leur perception consciente est perturbée (chapitre 17). Dans le même ordre d’idées, les patients qui ont perdu la vision des couleurs dans une partie du champ visuel ne disent pas voir en gris dans cette région et en couleurs dans les autres.

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