Nous nous sommes tant aimés by Simon Boulerice

Nous nous sommes tant aimés by Simon Boulerice

Auteur:Simon Boulerice [Boulerice, Simon]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Théâtre
ISBN: 9782925110248
Éditeur: Éditions Ta mère
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


ACTE 2

Même scénographie qu’à l’acte 1, mais en épousant l’esthétique de l’époque. Musique de 1990. Steve positionne les bouchées et l’alcool sur la terrasse.

Maryse, au public

Nous sommes en 1990. L’école secondaire – la source de tous mes malheurs – est révolue. Le bal de finissants au centre communautaire est terminé. Le repas a été dégueulasse, mais personne ne s’en est soucié.

L’après-bal débute sur le terrain des parents de Steve Primeau. Ils ont accepté de céder leur terrain, mais pas leur salle de bains. Ils ont loué une toilette chimique, car un mois plus tôt, lors d’une soirée cinéma organisée par Steve, Méo a bouché les toilettes en faisant un numéro deux. La toilette a débordé, et la mère de Steve a été outrée. Elle a passé le mois à hurler à son fils : « Ben voyons ! On chie pas chez le monde ! » On en prend tous bonne note.

Moi, j’ai 17 ans et je suis sur le point d’être éblouie pour la millième fois par Marie-Eve Ostiguy. Dans trois, deux, un…

Méo, dans sa fameuse robe médiévale, fait son entrée sur le terrain depuis la clôture.

Steve, riant

T’es ben drôle, toi. J’pensais que tu passais chez toi te changer.

Méo

T’es-tu malade ? Chus ben trop belle là-dedans ! J’pense que j’l’enlèverai jamais ! Ça fesse, hein ? Ça me jacke les boules. C’est ça que ça fait les robes médiévales : ça jacke les boules. Ça, c’est le pouvoir des corsets. J’tais faite pour vivre à c’t’époque-là, moi.

Steve

Oui, et mourir du scorbut à 17 ans.

Méo

Ouin. Peut-être moins c’te boute-là.

Méo va pour rentrer dans la maison.

Steve, impulsif

Eille, eille, eille ! Quessé tu fais ?

Méo, comme une évidence

J’rentre chez toi.

Steve

Pour… ?

Méo

Ajuster mon maquillage pis ma coiffure. Quessé, c’est illégal ?

Steve

C’est que mes parents acceptent que j’accueille toute notre promotion, mais y veulent pas qu’on rentre. C’est ça le deal. Y ont loué une toilette chimique pour tout le monde. (Il la désigne, près de la haie de cèdres, quelque part dans le public.) Checke.

Méo, dégoûtée

Ark, une toilette chimique. On dirait un repère de maladie vénérienne.

Steve

Méo…

Méo

Ouin, mais moi, c’pas pareil. J’pas une étrangère ; j’ta blonde. Tes parents me connaissent.

Steve, s’adoucissant

Ouin. Ouin, OK. C’est juste que j’ai peur que tout le monde veuille faire comme toi. Que tu donnes le mauvais exemple.

Méo

Y a presque personne d’arrivé !

Steve

OK, OK. Vas-y. Mais évite juste de te vanter auprès des autres que toi, t’as des passe-droits.

Méo

Voir si c’est mon genre !

Maryse, au public

Méo commence à comprendre qu’elle est sensationnelle. Au bal, lors de la remise des prix citron, elle a reçu le prix du plus beau sourire, le prix de la fille la plus ambitieuse, le prix de la fille la plus baveuse et le prix de la grande gueule de notre cohorte.

Depuis, Méo se sent encore plus radioactive que d’habitude. Lui reconnaître une grande gueule, c’est légitimer ses esclandres.

Méo, se plantant dans la porte-patio en furie

Steve Primeau, câlisse ! Explique-moi ce que Lancelot fout dans ta toilette.

Steve

C’est mon meilleur ami. Y a de la peine. J’l’ai laissé rentrer.



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