La vie de ma mère ! by Thierry Jonquet

La vie de ma mère ! by Thierry Jonquet

Auteur:Thierry Jonquet [Jonquet, Thierry]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier, Littérature française
ISBN: 9782070346073
Google: TLFUJAAACAAJ
Éditeur: Gallimard - Série Noire
Publié: 2007-02-14T23:00:00+00:00


Face B

J’y ai été plein de fois, faire mes devoirs chez Clarisse, rue Remy-de-Gourmont. Mademoiselle Dambre, normalement, elle nous en donnait pas, de devoirs. Avec ce qu’on faisait en classe à la SES, ça suffisait, mais quand je lui ai dit ça, elle a été super contente, et elle m’a préparé des fiches spéciales exprès pour moi.

Clarisse, ses devoirs, elle les faisait sur un ordinateur, mais pas un Nintendo avec des jeux de baston où il faut entrer dans des univers de vice et baiser des ninjas au karaté, pour vous dire un exemple, ah non ! Un spécial pour les études, vachement stylé, avec un grand écran, un Amstrad, ça s’appelle. Elle tapait son anglais là-dessus, et l’ordinateur lui disait tout de suite si elle avait bon ou pas. Elle faisait des tas de progrès, Clarisse, forcément.

Pendant ce temps-là, sa reum elle me faisait réciter mes fiches de lecture rien que pour moi, du coup c’était super efficace, mes textes, je les savais par cœur. Je savais même souligner les verbes sans me planter, et aussi les sujets.

Mademoiselle Dambre, elle en revenait pas. Elle le voyait bien, que j’étais pas un gogol comme les reubeus de la classe, ou même comme Romain ou Pascal, des céfrans comme oim. Pascal, il paraît que c’est une erreur qu’il est à la SES avec nous. Un truc d’orientation qu’aurait merdé au niveau de la commission, je sais pas bien, c’est ce que j’ai entendu dire. Monsieur Belaiche et mademoiselle Dambre, ils ont rempli un dossier exprès pour lui, pour qu’il aille en LEP, comme ça il pourra faire CAP chaudronnerie pour se rattraper.

Ils sont bien, mademoiselle Dambre et monsieur Belaiche, ils s’occupent des échecs scolaires, la vie de ma mère ! Je dis pas ça genre lèche-cul, même si monsieur Belaiche c’est un feuj, style je ferais un plan pour me mettre bien avec lui, parce que les feujs, y a toujours quelque chose à gratter avec eux, comme il raconte, Mouloud ! La preuve, c’est que mademoiselle Dambre c’en est pas une, de feuj, alors hein… Elle est gentille. Faut être con comme Mohand pour la mettre en colère, zarma on lui mate la teuche en douce ! Vas-y, c’est n’importe quoi.

À la SES, je me mêlais plus des bastons dans la cour de récré ni des parties de foot. Je regardais Clarisse discuter avec ses copines. Je pouvais pas m’approcher, ça aurait été chelou. Quand même, je lui ai donné le poème des Yeux que j’avais recopié dans le bouquin de monsieur Hardouin. J’avais repassé les bords de la feuille avec le fer de ma reum, style ça faisait parchemin, tout cramé sur les côtés, et enroulé avec un ruban rose, un que Nathalie avait laissé dans sa piaule. Classe.

« Parchemin », c’est un truc que je connaissais de chez monsieur Bouvier, notre maître du CM2, une fois qu’on avait visité une expo Moyen ge dans un musée assez loin, avec le métro et deux changements. En plus, j’avais mis une goutte de sang à la fin de la page, une belle tache rouge qui faisait comme un cœur.



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