Nous, la particule et le monde (Psy-Passerelles) (French Edition) by Nicolescu Basarab

Nous, la particule et le monde (Psy-Passerelles) (French Edition) by Nicolescu Basarab

Auteur:Nicolescu Basarab [Nicolescu Basarab]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: EME éditions
Publié: 2012-04-07T16:00:00+00:00


Au-delà des deux extrémismes

L'affaire Sokal (7) a le mérite de faire pleine lumière sur un phénomène de plus en plus présent dans la culture contemporaine, celui de l'absolutisation du relatif . Cette attitude extrémiste se pare de l'honorabilité du langage des sciences exactes par un détournement abusif et mutilant. Détaché de son contexte, ce langage est manipulé pour dire n'importe quoi et démontrer ainsi que tout se vaut. La première victime de cette déconstruction est la science exacte elle-même qui se trouve reléguée au statut d'une construction sociale parmi d'autres, la contrainte de la vérification expérimentale étant mise entre parenthèses. Il n'est donc pas étonnant qu'en quelques mois Alan Sokal est devenu le héros d'une communauté qui ressent une contradiction flagrante entre sa pratique de tous les jours et sa représentation sociale et culturelle.

Mais, paradoxalement, l'affaire Sokal sert de révélateur d'une deuxième attitude extrémiste, image en miroir de la première et qui est présente dans le propre camp de Sokal. En effet, la position de Sokal a reçu un appui de poids – celui du prix Nobel de physique Steven Weinberg, par un long article publié dans New York Review of Books (8). L'article de Weinberg a déclenché une foule de réactions dans la presse américaine et sur l'Internet.

« L'abîme d'incompréhension entre les scientifiques et les autres intellectuels est au moins aussi profond que du temps de C.P. Snow, il y a trois décennies » – affirme d'emblée Steven Weinberg (9). Quelle est la cause de cet abîme d'incompréhension ? Selon Weinberg, une des conditions essentielles de la naissance de la science moderne a été la coupure entre le monde de la physique et le monde de la culture. Par conséquent, l'interaction ultérieure entre science et culture serait tout simplement nuisible. Du coup, Weinberg balaie d'un revers de main, comme inférences non valables, les considérations philosophiques faites par les pères-fondateurs de la mécanique quantique.

Les arguments de Weinberg peuvent surprendre, comme le relent du scientisme d'un autre siècle : l'invocation du bon sens pour clamer la réalité des lois physiques, la découverte par la physique du monde « tel qu'il est », la correspondance biunivoque entre les lois de la physique et la « réalité objective », l'hégémonie sur le plan intellectuel de la science naturelle (« parce que nous avons une idée claire de ce que signifie « faux » et « vrai » pour une théorie donnée [...] »). Mais Weinberg n'est certainement ni scientiste, ni positiviste, ni mécaniste. Un des physiciens les plus brillants de ce siècle, il est à la fois homme de solide culture. Il convient donc d'étudier avec soin le bien-fondé de ses arguments (10).

L'idée centrale de Weinberg, martelée sans cesse, comme un mantra , dans ses écrits, est celle de l'existence des lois impersonnelles découvertes par la physique. Lois impersonnelles et éternelles qui garantissent le progrès objectif de la science et qui expliquent l'abîme infranchissable entre science et culture. La tonalité de l'argumentation est ouvertement prophétique, au nom d'une étrange religion sans Dieu. On est presque tenté de croire à l'Immaculée Conception de la science.



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