Nos lendemains retrouvés (French Edition) by Alan Hlad

Auteur:Alan Hlad [Hlad, Alan]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature
ISBN: 9782811235994
Éditeur: Hauteville
Publié: 2019-09-10T22:00:00+00:00

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* Tous les mots en italique suivis d’un astérisque sont en français dans le texte original. (NdT)

Chapitre 28

Epping, Angleterre

Les chaussures de Bertie glissaient sur le sol désinfecté de l’hôpital de la RAF d’Ely. Lentement, il s’approcha de Susan et s’éclaircit la voix.

— Non, ce n’est pas Oliver.

Susan poussa un soupir.

— Tu en es certain ?

Il hocha la tête, sortit un mouchoir de sa poche dont il se servit pour s’essuyer les yeux.

— Il portait une alliance.

Elle déglutit et chercha les mots adaptés.

— Il va s’en sortir ?

Bertie secoua la tête. Une vague de honte envahit Susan. Elle avait prié, hurlé aux cieux ses requêtes muettes, pour que l’infortune s’abatte sur quelqu’un d’autre. N’importe qui mais pas Ollie. Et son souhait avait été exaucé. Désormais, un mari, peut-être même un père, était un grand brûlé. Mourant. Elle se dit que la carte du destin avait déjà été jouée avant ses prières et qu’elles n’avaient pas grand-chose à voir avec celui qui était allongé sur ce lit d’hôpital. Pourtant, une immense envie de pleurer la submergeait. Avant de craquer, elle prit son grand-père par le bras et, ensemble, ils quittèrent l’hôpital.

En arrivant à la camionnette, Bertie ouvrit la portière côté passager.

— Mon petit, cela t’ennuierait beaucoup de me laisser conduire ?

Susan remarqua une lassitude dans ses yeux. En temps normal, elle aurait insisté pour prendre le volant – ses jambes n’avaient pas besoin de cette tension supplémentaire – mais elle sentit que son grand-père avait besoin de se changer les idées après ce qu’il avait vu à Ely, et elle accepta. Elle se hissa sur le siège passager, coinça sa jupe sous ses cuisses et claqua la portière. À travers le pare-brise, elle le vit contourner péniblement le véhicule et monter sur le siège conducteur.

Sa main tremblait quand il tenta d’insérer la clé dans le démarreur. La pointe frotta contre le métal, sans jamais trouver sa destination.

— On dirait que la clé a gonflé, ironisa-t-il. Comme mes genoux.

Susan lui immobilisa la main. Bertie enfila la clé dans le contact et fit démarrer le moteur.

— Merci, ma chérie.

Elle jeta un dernier regard en direction de l’hôpital d’Ely, ce qu’elle regretta aussitôt. Deux agents hospitaliers émergeaient du côté du bâtiment, transportant quelque chose d’enveloppé dans ce qui ressemblait à une housse de matelas souillée. Une femme pleurait, ce qui donna la chair de poule à Susan. Et elle remarqua alors la file de voitures funéraires. Les membres de la famille se rassemblaient sur la pelouse et suivaient d’un regard sombre les agents hospitaliers qui allaient déposer le corps dans un corbillard. Apparemment, toute l’aile gauche de l’hôpital était utilisée comme morgue. Susan sentit ses mains se mettre à trembler. Un hôpital était censé être un lieu d’espoir. De guérison. Mais pas ce jour-là. Ni le lendemain. Pas tant que les bombes continueraient à tomber. Alors que la camionnette s’éloignait, elle ferma les yeux en espérant ne plus jamais revoir d’hôpital.

Elle ne parla pas beaucoup sur le trajet du retour, se

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