Non Papa, Non... by Crofts

Auteur:Crofts
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: City Edition
Publié: 2013-10-03T00:00:00+00:00

13

La massette

J’aperçus ma mère dès mon entrée dans le pub.

— Tout va bien, mon poussin ?

— Ouais, répondis-je d’une voix abattue. Nous sommes allés au pays de Galles et j’ai vu Stuart et Doris. Ils n’ont aucune idée de ce qui s’est passé, n’est-ce pas ? Papa continue de vivre comme si rien ne s’était jamais passé, non ?

Je voyais qu’elle n’avait pas le temps de s’arrêter pour bavarder parce qu’elle était en train de se préparer pour sortir. C’était toujours pareil. Si j’essayais de lui poser des questions sur papa et notre enfance, elle m’écartait en affirmant que « le passé est le passé ».

Je montai dans ma chambre et je m’assis sur le lit. J’avais la tête qui tournait. J’ai dû somnoler et, lorsque je me suis réveillé, j’étais sous le poids d’une tristesse incommensurable, comme si on avait serré ma tête dans un étau. Je pris une douche parce que je me sentais sale.

Mon enfance défilait en boucle, comme un film d’horreur, sans jamais une seule pause. Et j’en revenais toujours aux questions que je voulais poser à papa, celles auxquelles il avait toujours réussi à éviter de répondre autrefois.

Est-ce que je lui manquais ? M’aimait-il encore ? Avait-il changé ? Voulait-il que je fasse à nouveau partie de sa vie ? Pourquoi avait-il agi de la sorte ? Avait-il réfléchi aux dégâts qu’il avait causés ?

Je m’habillai et descendis jusqu’à la voiture pour aller chercher Tracey.

Sans savoir comment, je me retrouvai sur l’autoroute en direction du pays de Galles après avoir coupé mon téléphone pour ne pas devoir expliquer quoi que ce soit à Tracey. Je savais qu’elle penserait que je lui avais menti, qu’elle croirait que j’étais revenu sur mes promesses de prendre un nouveau départ et que je retournais dans les clubs pour noyer tous les démons que le voyage au pays de Galles avait libérés.

Mais je ne pouvais pas lui expliquer que ce n’était pas ça, que les choses étaient différentes. Dans mon état, cela me paraissait impossible. Non, je n’étais pas en état d’expliquer quoi que ce soit à quiconque.

D’ailleurs, je n’étais même pas capable d’expliquer ce qui se passait dans ma tête.

Lorsque j’arrivai près de chez mon oncle et ma tante, je rallumai le téléphone et je composai le numéro de Doris. C’est oncle Stuart qui répondit.

— Salut, dis-je, c’est Stuart. Est-ce que tu as l’adresse de papa ?

— Pourquoi ? Tu vas lui écrire ?

— Ouais, c’est ça.

Je ne voulais pas lui confier que je voulais aller voir mon père, parce que je ne voulais pas qu’ils se pointent et tout. Je voulais le voir face à face. On ne peut pas évoquer des trucs personnels lorsque les autres sont là, notamment les trucs dont je voulais lui parler.

Stuart me donna l’adresse.

— Merci, tu as son numéro de téléphone ?

— Ne quitte pas, dit-il, Doris doit le savoir.

Doris le remplaça au téléphone et me donna le numéro. Je la remerciai avant de raccrocher. Je composai le numéro qu’elle m’avait donné, mais il n’était plus attribué.

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