Noces mortelles à Aix-en-Provence by J. B. Livingstone

Noces mortelles à Aix-en-Provence by J. B. Livingstone

Auteur:J. B. Livingstone [Livingstone, J. B.]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier, Littérature française
Éditeur: du Rocher
Publié: 2017-04-10T00:00:00+00:00


CHAPITRE XXIII

Quand Higgins rentra à l’hôtel du Poët, Scott Marlow était attablé devant une superbe bouillabaisse, plat marseillais certes, mais que les Aixois ne dédaignaient pas.

— Higgins, enfin ! Pardon de ne pas vous avoir attendu… c’est la municipalité qui nous a fait livrer ce repas ; le vin me paraît correct.

L’ex-inspecteur-chef goûta.

— Un excellent Bandol, en effet ; chaleureux et fruité.

— Ce rendez-vous ?

— Instructif.

— Avez-vous identifié la femme ?

— Sans grande difficulté : Rose Wolferton. J’aimerais précisément l’appeler.

Higgins consulta la liste des numéros de téléphone des témoins que le commissariat lui avait remise.

— Vous désirez l’arrêter sur-le-champ ?

— Surtout pas ; elle a encore beaucoup à m’apprendre. À mon tour de lui fixer rendez-vous.

La pianiste décrocha à la seconde sonnerie.

— Higgins à l’appareil ; pardon de vous importuner.

— Que se passe-t-il, inspecteur ?

— J’aimerais vous rencontrer dans un endroit tranquille.

— Les jardins du pavillon Vendôme vous conviendraient-ils ?

— À merveille ; vingt-deux heures trente vous paraît-il une heure convenable ?

— Ce soir ?

— Ce soir même.

— Est-ce si urgent ?

— Je le crains.

— Bien… je viendrai.

— Soyez-en remerciée.

L’ex-inspecteur-chef raccrocha, pensif.

— Quel piège lui tendez-vous ? demanda Marlow.

— Je n’en ai pas la moindre idée, mais l’inspiration viendra. L’essentiel est de maintenir cette femme dans un état d’angoisse qui lui fera avouer ce qu’elle sait vraiment ; peut-être ce soir.

— Vous avez à peine le temps de dîner !

— Un peu de bouillabaisse me suffira.

Le superintendant arborait une mine réjouie que Higgins connaissait bien ; elle signifiait que Marlow détenait une information essentielle qu’il tenait à exposer avec une solennité certaine. Possédant une longueur d’avance sur son collègue, il tenait à en jouir pleinement.

— N’auriez-vous pas appris quelque chose d’important ? demanda Higgins.

— J’ai reçu un passionnant rapport de Scotland Yard.

— Sur les activités de l’archevêque Thomas Youlgreave, je suppose ?

— Exactement.

— De quoi l’inculper ?

— Hélas non ! Mais tout de même… notre prélat est un grand amateur d’art ; dans son fief de Laxton, il fait représenter des mystères du Moyen ge. Il y a trois ans, cependant, il a monté une pièce d’un autre ordre et tout à fait profane : Les Noces de Figaro ; surprenant, non ?

— « Tout à fait profane »… je n’en suis pas si sûr ; mais tel n’est pas notre sujet.

— Ce n’est pas tout, poursuivit le superintendant ; d’après le texte du programme distribué à cette époque, le metteur en scène n’était autre qu’Adonis Lempereur.

Higgins cessa de dîner pour prendre des notes.

— Passionnant, jugea-t-il ; nous utiliserons tout cela dès demain matin.

La douceur des jardins du pavillon Vendôme n’évoquait-elle pas la célèbre scène des Noces où Suzanne chantait sous les pins ? Soufflait une douce brise allégeant le cœur, la fontaine murmurait ; les fleurs étaient riantes, l’herbe dispensait sa fraîcheur, tout invitait aux plaisirs de l’amour. Sous les arbres éternellement verts, le moment ne venait-il pas de connaître enfin le bonheur, là où communiaient le ciel, la terre et la nuit ?

Mais qui viendrait ? Rose Wolferton



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