Noblesse seconde et pouvoir en Champagne aux XVIe et XVIIe siècles by Laurent Bourquin

Noblesse seconde et pouvoir en Champagne aux XVIe et XVIIe siècles by Laurent Bourquin

Auteur:Laurent Bourquin [Bourquin Laurent]
La langue: fra
Format: epub
Tags: noblesse, histoire, Champagne, XVIe siècle, politique et gouvernement, XVIIe siècle
ISBN: 9782859448455
Éditeur: Éditions de la Sorbonne
Publié: 2019-04-01T11:45:18+00:00


Chapitre V. Fidélité et raison d’état (1610-1635)

1. Une haute noblesse en quête d’influence

À la mort d’Henri IV, le pouvoir provincial ne s’exerce plus de la même manière qu’un demi-siècle plus tôt. D’abord parce que les guerres de Religion ont permis à la noblesse seconde de conforter son assise territoriale, sa fortune et son autorité dans la plupart des régions de Champagne : désormais, toutes les garnisons importantes sont commandées par des nobles du pays qui ne doivent leur carrière qu’à la seule confiance que leur accorde le roi de France depuis qu’il s’est appuyé sur eux pour maîtriser la situation dans le nord-est du royaume. Ensuite parce que la haute noblesse apparaît comme la grande perdante de ces quarante années de conflits. Charles de Guise, malgré les avantages qui lui ont été consentis au traité de 1594, se trouve pourvu contre son gré du gouvernement de la Provence, ce qui l’éloigne de ses terres et de ses réseaux champenois1. Charles-Robert de La Marck a été largement discrédité par la brêve campagne du printemps 1606, qui a permis à Henri IV de mettre la main sur la garnison de Sedan. En outre, ayant pris le titre de duc de Bouillon après la mort de sa nièce Charlotte, en 1594, il est obligé d’engager de longs et coûteux procès afin de défendre ses droits face à ceux du veuf de celle-ci, Henri de La Tour, vicomte de Turenne2. Quant aux Luxembourg, leur descendance mâle s’éteint au début du xviie siècle, avec la mort de Charles, comte de Brienne, en 1608, et celle d’Henri, duc de Piney, en 1616. Ainsi, malgré sa constante fidélité à Henri IV, ce lignage qui part en quenouille ne profite guère des bienfaits de la paix royale3. Charles de Gonzague, duc de Nevers, qui reste pourvu du gouvernement de la province à la mort de son père en 1595, semblerait à première vue avoir conservé une certaine influence. En fait, son pouvoir a perdu beaucoup de sa substance sous le règne d’Henri IV. Par exemple, malgré ses demandes réitérées, il ne peut faire évincer Germain Godet du gouvernement de Sainte-Menehould et ce n’est qu’après la mort du roi, en 1610, qu’il parvient finalement à placer dans la ville l’un de ses fidèles, Christophe de Pradine de Bouconville4. Seule la faiblesse momentanée du pouvoir royal au temps de la minorité de Louis XIII lui permet donc de retrouver péniblement une petite influence sur les affaires militaires de la province. Surtout, la faillite de ses finances le rend de plus en plus dépendant des largesses de la couronne, notamment après le lancement de sa dispendieuse construction de Charleville, en 16065.

Ces nouveaux rapports de force entre la monarchie, la noblesse seconde et les grands permettent d’expliquer dans une très large mesure les enjeux politiques et militaires qui se dessinent en Champagne au cours des années 1610-1620.

En janvier 1614, lorsque Condé, Bouillon, Longueville, Mayenne, Nevers et Vendôme prennent les armes contre Marie de Médicis afin de s’opposer à la réduction drastique de



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