Noa-Noa by Gauguin

Noa-Noa by Gauguin

Auteur:Gauguin [Gauguin]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Mille et une nuits
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


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Le soir au lit, nous avons de grands entretiens, longs et souvent très sérieux. Je cherche dans cette âme d'enfant les traces du passé lointain, bien mort socialement, et toutes mes questions ne restent pas sans réponse. Peut-être les hommes, séduits ou asservis à notre civilisation et à notre conquête, ont-ils oublié. Les dieux d'autrefois se sont gardé un asile dans la mémoire des femmes. Et c'est un émouvant et singulier spectacle que Tehura me donne, quand je vois peu à peu ses dieux nationaux se réveiller en elle et s'agiter sous les voiles où les missionnaires protestants ont cru les ensevelir. En somme, l'œuvre des catéchistes est très superficielle. Leur enseignement est comme une faible couche de vernis qui s'écaille et cède vite à la moindre atteinte adroite. Tehura va au temple régulièrement et pratique des lèvres et des doigts la religion officielle. Mais elle sait par cœur les noms de tous les dieux de l'Olympe maori. Elle connaît leur histoire, comment ils ont créé le monde; comment ils aiment à être honorés. Quant aux rigueurs de la morale chrétienne, elle les ignore ou ne s'en soucie et ne songe guère à se repentir de vivre hors des liens du mariage avec un tane. Je ne sais trop comment elle associe dans ses croyances Ta'aroa et Jésus. Je pense qu'elle les vénère tous deux.

Au hasard des circonstances, elle me fait un cours complet de théologie tahitienne, et moi je tâche de lui expliquer selon les connaissances européennes quelques phénomènes de la nature.

Les étoiles l'intéressent beaucoup. Elle me demande comment on nomme en français l'étoile du matin, celle du soir. Elle a peine à comprendre que la terre tourne autour du soleil. À son tour, elle me nomme les étoiles dans sa langue et pendant qu'elle me parle je distingue, à la clarté des astres, qui sont des divinités - les formes vagues et sacrées des maîtres maoris de la terre et des cieux.

Il est probable que les habitants de Tahiti possédèrent dès la plus haute antiquité des connaissances assez étendues en astronomie. Les fêtes périodiques des Areoi 1a, société secrète qui, jadis, gouverna les îles dont je vais avoir l'occasion de parler, étaient fondées sur les évolutions des astres. Les Maoris semblent même n'avoir pas ignoré la nature de la lumière lunaire. Ils supposaient que la lune est un globe sensiblement pareil à la terre, habité comme elle, riche en produc-tions analogues aux nôtres. Ils évaluaient à leur manière la distance de la terre à la lune.

La semence de l'arbre Ora fut apportée de la Lune sur la Terre par un pigeon blanc. Il lui avait fallu deux lunes pour atteindre le satellite, et quand, après deux autres lunes, il retomba sur la terre, il était sans plumes. Cet oiseau est, de tous ceux que connaissent les Maoris, celui qui passe pour avoir le vol le plus rapide.

Mais voici la nomenclature tahitienne des étoiles. Je complète la leçon de Tehura à l'aide de documents trouvés dans un recueil de Moerenhout, l'ancien consul 1b.



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