Neverdays by Alizé MEURISSE

Neverdays by Alizé MEURISSE

Auteur:Alizé MEURISSE
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Editions Allia
Publié: 2013-01-14T16:00:00+00:00


Elle me propose de monter boire un dernier verre et, vu qu'on n'a bu que du Coca, j'en déduis ce que j'en déduis. On est assis dans le canapé, dans le salon. Son coloc' n'est pas là. Elle a allumé la télé sur une chaîne musicale. Je remarque un panneau type fête foraine à l'entrée de sa chambre qui dit : You must be this tall to ride (me). Je ne l'avais pas vu la première fois. Elle est plus grande que moi. Elle met de la crème pour les mains. Nos regards se croisent. Crème pour les mains-yeux-crème pour les mains. C'est la tension qui compte. It's the thought that cunts. Jarvis Cocker chante “Keep your make up on and I'll leave on the light”. Dans l'Utah, il est interdit de faire l'amour en pleine lumière. Mais elle ne me demande pas d'éteindre le plafonnier et je la prends sur le canapé, encore plus excité à l'idée que le coloc' puisse faire son entrée à tout moment. Quand je raconterai ça à Fil, il écrira sans doute quelque chose dans ce goût-là dans l'un de ses petits carnets : “She spread her legs like butter on toasts nice and easy and he fucked her like a blunt knife, no sharpness needed.”

Le lendemain matin, je me trouve sexy avec mes yeux sur des valises comme des œufs sur des coquetiers. Des poches sous les yeux mais pas les yeux dans les poches. Je vois ses seins – refaits – dans l'embrasure béante de son peignoir. Les flocons de mascara d'hier tombent dans les flocons d'avoine de ce matin. On dirait des particules de carbone qui volent après un incendie, des papillons calcinés qui s'ennuient dans la cheminée après qu'on y a brûlé une lettre d'amour, le lendemain, dans la lumière pâle, le calme, le froid.

Je ne l'ai pas revue avant le week-end suivant. On est à un concert ensemble, avec la Mèche et les autres. La salle est blindée de monde, on vient voir un groupe d'électro très en vogue depuis qu'ils ont fait la b.o. d'un film dans lequel je tenais la vedette. Phantoms jouent en première partie, je les adore. Au fond de la salle, il y a un bar avec quelques tables. Elle va s'asseoir sur une banquette. Devant elle, une table avec une bière renversée et un journal gratuit qui se dissout dedans. Une fille, qui apparemment avait laissé son manteau sur la banquette, vient lui réclamer “sa place”. Mais, qui part à la chasse… La fille au manteau prétexte qu'elle est claustrophobe et qu'elle a besoin de s'asseoir. Elle s'entend répondre que, quand on est claustro, on ne vient pas aux concerts ! Le petit copain intervient. Excédée, ma blonde gifle la claustrophobe avec le journal trempé et dit au mec de – je cite – “tenir sa chienne en laisse”. Je fais celui qui n'a rien vu, rien entendu et lui propose de replonger dans la foule où je profite de la promiscuité pour rester tout contre elle.



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