Ne dis rien à l'ennemi by Marsha Forchuk Skrypuch

Ne dis rien à l'ennemi by Marsha Forchuk Skrypuch

Auteur:Marsha Forchuk Skrypuch [Forchuk Skrypuch, Marsha]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9781443181921
Éditeur: Scholastic Canada Ltd
Publié: 2020-06-01T00:00:00+00:00


Chapitre seize

Un kilogramme d’or

Quand j’étais petite, tato m’avait raconté l’histoire d’une grenouille qu’on avait mise dans une casserole d’eau froide. On avait ensuite placé la casserole à mijoter sur le poêle, mais l’eau se réchauffait si lentement qu’il était trop tard quand la grenouille s’aperçut qu’on la faisait cuire. C’était ce que je ressentais à propos du commandant et de ses projets pour Viteretz. Chacun de ses actes était pire que le précédent, et pourtant, nous nous y faisions.

Il était désormais normal d’être affamés, normal que les gens soient soudain forcés à accomplir un labeur pénible. Tuer des « sous-humains » sur un coup de tête était aussi devenu normal.

D’habitude, la rentrée scolaire avait lieu en septembre, mais les nazis croyaient que nous, les « sous-humains », n’avions besoin que de l’éducation nécessaire pour comprendre leurs ordres. Nous n’avions donc plus le droit de fréquenter l’école après la quatrième année. Anya, la femme du pope, nous enseignait secrètement, mais nous avions tant de travail à faire en plus de nos corvées habituelles qu’il devint difficile de trouver du temps pour étudier.

Regarder le commandant ou sa femme me dégoûtait, mais chaque fois que je travaillais chez eux, je plaquais un sourire sur mon visage tout en époussetant et en polissant les jolis objets qu’ils avaient volés, je le savais, à leurs victimes. Quand je le pouvais, j’écoutais leurs conversations dans l’espoir de découvrir quelque chose qui nous aiderait peut-être à rester en vie.

Les équipes d’ouvriers avaient réparé et repeint notre ancienne école désormais fréquentée par les enfants des Allemands et des Volksdeutsche qui administraient notre ville. Quand il faisait beau, nous les voyions souvent chanter des hymnes nazis ou défiler dans les rues vêtus de leurs uniformes des Jeunesses hitlériennes. Marga étudiait dans cette école. Je la croisais parfois l’après-midi quand elle revenait à la maison. Elle semblait mal à l’aise avec ses cheveux blonds tressés en nattes serrées et son uniforme si empesé que le col laissait une marque rouge sur son cou.

L’entrepôt à côté de l’école servait de dépôt de marchandises pour l’organisme de bienfaisance Volksdeutsche. C’était là qu’il conservait la nourriture qu’on nous avait confisquée. On y gardait aussi les vêtements et les objets pris aux personnes exécutées. Tout en regardant les interminables chargements de biens qui arrivaient à cet entrepôt, je me demandais s’il se passait la même chose dans toutes les villes et tous les villages conquis par les nazis. Je rêvais de faire irruption et d’ouvrir les portes toutes grandes afin que la nourriture et les marchandises volées soient données à ceux qui en avaient si désespérément besoin.

Les nazis se comportaient comme s’il nous fallait beaucoup de policiers. Il semblait pourtant que leur travail était de nous terroriser et non de faire respecter la loi et l’ordre.

Je craignais particulièrement les policiers en uniforme gris-vert. Ils venaient d’Allemagne et avaient des fusils. C’étaient des policiers comme ceux qui avaient exécuté Borys et nos rebelles. Il y avait également des Volksdeutsche en uniforme, et eux aussi étaient armés.



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