Moulins d'autrefois by François Fabié

Moulins d'autrefois by François Fabié

Auteur:François Fabié [Fabié, François]
La langue: fra
Format: epub
Tags: fiction
ISBN: 978-2-8247-0367-1
Éditeur: Bibebook
Publié: 1914-02-04T05:00:00+00:00


Chapitre 4

Oui, la journée avait été dure, au moulin de La Capelle. La meunière, quoique souffrante depuis des semaines, s’était levée de grand matin, comme à son ordinaire, et avait préparé la soupe pour toute la famille. Mais, à peine son beau-frère Joseph était-il parti pour la chasse, que la chère femme, prise de frissons et de fièvre, avait dû se recoucher, vaincue, disant à sa fille :

– Je ne sais ce que j’ai ; je ne tiens pas debout… J’ai froid dans les os ; je me jetterais dans le feu sans pouvoir me réchauffer… Fais-moi de la tisane de fleur de sureau, afin que j’essaie de transpirer un peu.

Et Linette, quoique très abattue elle-même, car la secousse de la veille l’avait atteinte au cœur et lui avait valu une nuit affreuse d’insomnie et de larmes, s’empressait auprès de sa mère… Elle bassinait le lit, posait une brique brûlante sous les pieds de la malade, lui faisait prendre des infusions chaudes…

– Vous sentez-vous mieux, maman ? interrogeait-elle toutes les cinq minutes, après de courtes disparitions pour aller donner des ordres à la servante ou des soins à la basse-cour.

– C’est à peu près… ne t’inquiète pas, mon enfant… Ca se passera…

Mais de brusques accès d’une toux sèche interrompaient la malade… Ca ne se passait point, hélas !

– Je vais envoyer chercher le médecin, n’est-ce pas ?

– Mais non, mais non ! Attends… J’ai eu cela d’autres fois… Donne-moi seulement à boire quelque chose de froid…, de l’eau panée, par exemple… J’ai une soif…

Linou se gardait bien d’obéir à ce caprice ; elle apportait du thé brûlant que la malade refusait… Et toujours la toux, et la fièvre qui montait… Puis, Rose se plaignit d’une piqûre dans les côtes… Par moments, elle paraissait s’assoupir un peu, et prononçait à mi-voix des paroles incohérentes… Le délire, déjà !

La jeune fille, effrayée, envoya la servante appeler son père et son frère : ils arrivèrent, inquiets aussi. Cadet, en dépit de son caractère impatient et susceptible, aimait profondément sa mère ; et Terral, malgré ses emportements, ses excès de parole, ses jurons et ses algarades fréquentes, sentait combien sa femme était bonne, active et courageuse, et nécessaire à sa vie et à sa maison ; et il frissonna en songeant qu’elle pourrait lui manquer tout à coup. Il pressa son fils d’emprunter la jument du cabaretier Flambart et d’aller en hâte chercher le docteur Bernad, à Peyrebrune. Pour lui, incapable de tenir en place, il erra, durant l’après-midi, de la chambre au galetas, de l’étable à la scierie et de la scierie au moulin, soupirant et monologuant tout haut, selon sa coutume ; au fond, extrêmement malheureux.

L’oncle Joseph arriva, vit la malade, essaya de réconforter Linou, mais, livré à lui-même, se sentit plus désemparé encore que son frère, et fit la navette du coin du feu à la chaussée pour guetter la venue du médecin.

Celui-ci arriva enfin, deux heures après la nuit tombée, et trempé jusqu’aux os, car le dégel s’accompagnait d’une pluie fine fouettée par le vent d’autan.



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