Moto casse by Jean-Gérard Imbar

Moto casse by Jean-Gérard Imbar

Auteur:Jean-Gérard Imbar [Imbar, Jean-Gérard]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
ISBN: 9782070485635
Google: 2pKpNwAACAAJ
Éditeur: Gallimard - Série Noire
Publié: 1973-04-14T23:00:00+00:00


CHAPITRE XI

Malgré mes talents certains de pilote, je ne dois pas être un exemple pour la jeunesse française éprise de vitesse et de romantisme. Je suis une crapule, et qui plus est, dangereuse ; ça doit être vrai, puisqu’on le dit à la télé !

— Angelo passe te prendre tout de suite, dit le Manouche qui revient de téléphoner.

— Tu es sûr que je ne le dérangerai pas ?

— Ne t’en fais pas, il ne peut rien me refuser ; et puis chez lui, tu seras en sécurité. Je sais qu’il arnaque, mais dans le sérieux. C’est la grosse tête de la famille, il se tient le nez propre, tu n’auras donc pas à craindre l’arrivée des schmitts à tout bout de champ.

— Je ne sais comment te remercier, Joseph.

— Ce que je fais est normal, mro prale, n’oublie pas qu’on a été un peu associés, tous les deux. Les lové8, ça ne compte pas à côté de la complicité et de l’amitié !

Je suis vachement ému par la générosité de Joseph et de Sandra, et ne retrouve une contenance qu’en grimaçant un sourire.

— Il ne devrait plus tarder, habille-toi et allons l’attendre derrière le terrain, c’est là que le rencard a lieu, dit Joseph.

Je ramasse gauchement, sur la table, la liasse de deux cents sacs maintenue par un élastique. J’ouvre la bouche pour un ultime remerciement et la garde béante devant la mimique du Manouche. J’enfile mon armurerie ambulante, Sandra m’embrasse entre deux « que Sara-la-Noire te protège, mon petit ! », puis je dévale, à la suite de son époux, l’escalier circulaire menant au sous-sol.

Nous sortons du pavillon par une petite porte discrète donnant sur le champ de ferraille. Dehors, il fait nuit, l’endroit est tellement obscur que je ne distingue même pas la pointe, en caoutchouc blanc, des « baskets » qu’on m’a données.

— Regarde bien où tu fous les pieds, dit le Manouche, acoi, il n’est pas question d’allumer une loupiotte. On va passer par le jardin japonais et suivre la clôture jusqu’au chantier des travaux publics.

— Je te suis, Joseph, dis-je en écarquillant les yeux.

Poutres à enjamber, escalades de carcasses métalliques, vieilles carrosseries à traverser ; le parcours du ferrailleur vaut bien celui du combattant, et on peut dire que j’ai suivi aveuglément mon guide.

— Ça va ? s’inquiète le Manouche.

— A part une bosse et quelques égratignures, je suis entier.

Nous nous appuyons contre une pelleteuse et discutons, à voix basse, de mon avenir en attendant l’embarquement.

— Il n’y a qu’une solution, partir pour l’étranger.

— Tu es marrant, Joseph, mais comment et avec quoi ? Je ne crois pas au paradis qui marche sans fric, et pour en faire, je vais être oblige de sortir du bois...

— Surtout pas ! Patiente, mro prale, j’ai des amis bien placés, je te trouverai une combine pour dégager.

— Que « Super Star » t’entende !

Le Manouche me tape sur l’épaule, une caisse roule au pas ; ses feux de position semblent clignoter entre les interstices des planches de la palissade.



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