Mort un dimanche de pluie by Un livre Un film

Auteur:Un livre Un film [film, Un livre Un]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Thriller, Policier
Éditeur: Payot & Rivages
Publié: 2014-08-25T22:00:00+00:00

Le vendredi soir, chose surprenant, Ellie était à l’heure à Cannon Street ; elle monta dans le train et fit le voyage avec Jane. Comme d’habitude, le train était bondé, avec les gens qui rentraient pour le week-end. Ellie et Jane durent rester debout dans le couloir, serrées comme des sardines contre les autres voyageurs, et il leur était difficile d’échanger des confidences. Jane trouva Ellie très pâle et les traits tirés. Des ombres soulignaient ses grands yeux gris inoffensifs et elle était plus mince que jamais ; ses poignets étaient comme des os de poulet.

Dans la cour de la gare de Culveden, Jane aperçut Tom Roland qui se forçait un passage à travers la foule du vendredi soir. Comme toujours lorsqu’elle le voyait, son cœur sauta. Il était si gai, si plein d’allant, si raisonnable, si solide. Elle se dit que si les choses empiraient, en se gardant bien de se préciser quelles choses, elle demanderait l’avis de Tom. C’est cela, je demanderais l’avis de Tom. C’est cela, je demanderai à Tom.

« Je vous raccompagne, Janey ? »

La chaleur de son sourire était comme un feu de bois dans une cheminée, par un jour glacial.

« Nous sommes deux aujourd’hui. Je suis avec une amie. Avez-vous de la place ?

— Bien sûr, venez ! »

Jane se retourna et chercha Ellie. Elle était un peu à l’écart, et regardait Tom fixement. Son visage gris, fatigué, était un masque figé dans la surprise d’une rencontre fortuite et gênante. Elle restait plantée devant eux, immobile et effrayée, comme quelqu’un qui attend un verdict fatal.

« Ellie, je te présente Tom Roland, notre voisin… Il vient de proposer de nous raccompagner. Ellie Rostrevor, qui travaille pour « Épitome ».

— Plus maintenant. » Ellie avait retrouvé la parole. « Ils m’ont virée, je ne t’ai pas dit ?

— Oh, je suis navrée. Mais cette revue ne m’a jamais paru avoir un grand avenir. Je suis sûre que tu trouveras mieux. »

Jane constata avec surprise que les yeux de Tom ne souriaient plus. Il avait l’air vide, comme s’il ne savait qu’elle contenance adopter. Mais il serra courtoisement la main d’Ellie et mit son sac de voyage dans le coffre, puis démarra. Jane faisait la conversation pour meubler le silence pesant.

« Ellie et moi sommes de très vieilles amies, Tom. Nous étions à l’école ensemble. Ellie était la fille la plus brouillon de toute l’école. Nous disions qu’il faudrait absolument qu’elle se trouve au moins un duc… »

La gêne persista durant tout le trajet. Tom les déposa devant la maison et partit en faisant à Jane un petit signe de la main. Elle se sentit lésée. C’était la première fois qu’elle le voyait depuis dimanche ; elle s’attendait à une certaine réserve, mais pas à une telle attitude. Pendant un instant elle ressentit une impatience inhabituelle envers Ellie. Qu’avait-elle donc fait, cette idiote ? Posé une question maladroite sur une de ses émissions ? Il était évident, bien que rien ne fût dit, qu’ils se connaissaient déjà. Elles trouvèrent Mme Mc Gregor seule avec Susan dans la cuisine.

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