Miss Peregrine T05 La conférence des oiseaux by Ransom Riggs

Miss Peregrine T05 La conférence des oiseaux by Ransom Riggs

Auteur:Ransom Riggs [Ransom Riggs]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Roman
Éditeur: Bayard
Publié: 2020-09-23T06:19:16+00:00


– Je suis infiniment désolée, Jacob ! Je ne me pardonne pas de vous avoir mis dans cette situation.

Miss Peregrine, Emma et Enoch ont remonté avec moi la piste des larmes de Sépulcreux dans les tunnels de la mine. Elle était assez facile à suivre pour l’instant, mais qu’en serait-il lorsque nous serions sortis de la boucle ?

– Et si je n’y arrive pas ? me suis-je inquiété. C’est la première fois que je suis un Creux à la trace. Je ne suis pas comme Addison, qui est capable de flairer les particuliers de loin…

– Ce que vous pouvez faire est encore mieux, m’a assuré Miss Peregrine. Tous vos sens vous informent de leur présence.

La piste nous a conduits à l’entrée de la boucle utilisée par les Américains, mais au pied d’un autre ascenseur. Le passage vers le présent s’est révélé beaucoup plus doux qu’à l’aller, et nous avons émergé dans une salle pleine de touristes.

– J’espère que vous vous êtes bien amusés ! a claironné un guide souriant, en plaquant un autocollant sur ma chemise.

J’ai visité une ancienne mine d’or, et tout ce que j’ai rapporté, c’est ce sticker pourri ! pouvait-on y lire.

Sur le tapis, à la sortie de la salle, j’ai aperçu une nouvelle tache noire. Le Sépulcreux était passé par là ; il était sorti dans le présent.

La traînée de larmes se poursuivait dehors, sur le trottoir, puis dans une rue latérale, et elle était de plus en plus facile à suivre. Je n’avais presque plus besoin de chercher les taches noires : mon nez, et surtout la légère crampe au creux de mon ventre m’indiquaient la direction à prendre. J’avais l’impression d’être un personnage de cartoon, attiré par une tarte en train de refroidir sur un appui de fenêtre.

En traversant le centre-ville bondé, j’ai craint un instant que les vêtements de mes compagnons n’attirent l’attention sur nous, jusqu’à ce que je m’intéresse aux tenues des passants. La plupart portaient des costumes de cow-boys ou des robes de dames d’un autre temps. Même les bâtiments étaient vintage. Cette ancienne ville frontalière sans foi ni loi était devenue un parc d’attractions sur le thème du Far West. On pouvait s’y faire photographier en tenue d’époque, acheter des jambières de cuir, des chapeaux de cow-boy et des répliques d’os de buffle dans les boutiques de souvenirs, et assister aux reconstitutions de fusillades célèbres. L’une d’elles se déroulait justement sur la place principale. Une foule de touristes chauffés par le soleil et leurs enfants turbulents encourageaient les adversaires. J’ai inévitablement repensé à l’affrontement armé très réel qui avait lieu dans la boucle, et songé que cette ville était l’endroit idéal pour dissimuler son entrée. Personne, ici, ne risquait de s’intéresser aux allées et venues de particuliers en costumes étranges.

– Les normaux s’amusent à faire semblant de se tirer dessus ? s’est étonné Enoch.

– Ouvrez l’œil ! a soufflé Emma en dévisageant les passants. Murnau et ses acolytes sont peut-être encore dans les parages. On a intérêt à les voir avant qu’ils ne nous repèrent.



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