Mémoires. Tribun du peuple T. 2 by Jean-Marie Le Pen

Mémoires. Tribun du peuple T. 2 by Jean-Marie Le Pen

Auteur:Jean-Marie Le Pen [Pen, Jean-Marie Le]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9791090947283
Éditeur: Muller Editions
Publié: 2019-10-01T22:00:00+00:00


30. Le tournant irakien

La Mésopotamie, le pays situé entre deux fleuves, en l’espèce le Tigre et l’Euphrate, est l’un des berceaux de notre civilisation. Notre type d’écriture y fut inventé et l’Histoire sainte y commence. Elle a vu naître et passer des villes et des empires qui hantent notre mémoire : Ur, Babylone, Akkad, Sumer, Elam sur son flanc oriental. L’Assyrie, Alexandre, la Grèce, Rome même (Trajan parvint à Ctésiphon, Julien y mourut), la Perse, la Sublime Porte en prirent successivement la maîtrise. Le Mongol la ravagea. Après la première guerre mondiale et le démembrement de l’Empire ottoman, la partie sud tomba sous influence anglaise, et le nord sous influence française, les traités transcrivant à peu près les accords secrets passés entre la France et la Grande-Bretagne connus sous le nom de Sykes-Picot, du nom des hauts fonctionnaires chargés de les négocier. Le pays prit alors le nom de royaume d’Irak. Puis, dans les années vingt, profitant de la veulerie de Paris, le Foreign Office, informé que la région de Mossoul renfermait de riches gisements de pétrole, mit la main dessus. Les traités n’engagent que ceux qui les respectent. L’Intelligence Service avait en même temps échauffé les Kurdes pour qu’ils massacrent les chrétiens chaldéens du lieu, les plus anciens habitants de la région, afin qu’ils en fuient : or, c’étaient des vecteurs traditionnels de l’influence française, placés sous notre protection depuis Pépin le Bref.

Ces petits actes de piraterie internationale étaient habituels à la Couronne britannique, mais le cabinet de Londres, qui était renseigné et réaliste, savait que la présence anglaise était impatiemment supportée en Irak. Elle n’était pas à l’abri d’une révolution. Aussi, tant pour acheminer d’éventuels renforts militaires que pour s’assurer un relais sur la route des Indes, qui importait alors autant que le pétrole, elle se servit de ses amis du Koweït. Le Koweït était une bande de terre quasi désertique bordant à l’ouest le débouché du Tigre et de l’Euphrate dans le golfe persique, le Chatt al-Arab. Géographiquement, historiquement, ce morceau de désert avait toujours fait partie de la Mésopotamie. À la veille de la première guerre mondiale encore elle appartenait à la province de Bassorah. Mais la baie de Koweït est un port naturel, profond, d’accès facile. Au début du XVIIIe siècle, quelques familles de Bassorah s’y fixèrent, pour la pêche et le commerce. Les Anglais sont de bons marins et font de la politique à long terme. La Compagnie britannique suivit le mouvement vers le Koweït à la fin du siècle, et Sa Gracieuse Majesté multiplia les signes d’amitié avec les petits chefs du lieu, les Al-Sabah, tant et si bien qu’en 1914 elle signait un traité avec l’un des leurs contre l’Empire ottoman dont le Koweït faisait partie. Dans les années 1920 et 1930, les Ottomans partis, le royaume d’Irak demanda plusieurs fois le retour du Koweït, mais Londres refusa, pour contrer les indépendantistes irakiens et se ménager une base de repli.

Nominalement indépendant depuis 1932, l’Irak restera cependant sous la domination de fait des troupes britanniques jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale.



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