Mémoires du maréchal Marmont, duc de Raguse (19) by unknow

Mémoires du maréchal Marmont, duc de Raguse (19) by unknow

Auteur:unknow
La langue: fra
Format: epub
Tags: France -- History -- 1789-1900, Marmont, Auguste Frédéric Louis Viesse de, duc de Raguse, 1774-1852
Publié: 2008-12-06T00:00:00+00:00


Dès l'instant même où Bonaparte arriva à la tête de l'armée, il eut dans sa personne une autorité qui imposait à tout le monde; quoiqu'il manquât d'une certaine dignité naturelle, et qu'il fût même gauche dans son maintien et ses gestes, il y avait du maître dans son attitude, dans son regard, dans sa manière de parler, et chacun, le sentant, se trouvait disposé à obéir. En public, il ne négligeait rien pour maintenir cette disposition, pour l'augmenter et l'accroître; mais dans l'intérieur, avec son état-major, il y avait de sa part une grande aisance, une bonhomie allant jusqu'à une douce familiarité. Il aimait à plaisanter, et ses plaisanteries n'avaient jamais rien d'amer: elles étaient gaies et de bon goût; il lui arrivait souvent de se mêler à nos jeux, et son exemple a plus d'une fois entraîné les graves plénipotentiaires autrichiens à en faire partie. Son travail était facile, ses heures n'étaient pas réglées, et il était toujours abordable au milieu du repos. Mais, une fois retiré dans son cabinet, tout accès non motivé par le service était interdit. Quand il s'occupait du mouvement des troupes et donnait des ordres à Berthier, son chef d'état-major, comme lorsqu'il recevait des rapports importants, pouvant motiver un long examen et des discussions, il gardait seulement près de lui ceux qui devaient y prendre part, et renvoyait toutes les autres personnes, quel que fût leur grade. On a dit qu'il dormait peu, c'est un fait complétement inexact: il dormait beaucoup, au contraire, et avait même un grand besoin de sommeil, comme il arrive à tous les gens nerveux et dont l'esprit est très-actif. Je l'ai vu souvent passer dix à onze heures dans son lit. Mais, si veiller devenait nécessaire, il savait le supporter et s'indemniser plus tard, ou même prendre d'avance du repos pour supporter les fatigues prévues; enfin il avait la faculté précieuse de dormir à volonté. Une fois débarrassé des devoirs et des affaires, il se livrait volontiers à la conversation, certain d'y briller; personne n'y a apporté plus de charme et n'a montré, avec facilité, plus de richesse ou d'abondance dans les idées. Il choisissait ses sujets et ses pensées plutôt dans les questions morales et politiques que dans les sciences, où, quoi qu'on ait dit, ses connaissances n'étaient pas profondes. Il aimait les exercices violents, montait souvent à cheval, y montait fort mal, mais courait beaucoup; enfin, à cette époque heureuse, si éloignée, il avait un charme que personne n'a pu méconnaître. Voilà ce qu'était Bonaparte pendant la mémorable campagne d'Italie.

Après le 18 fructidor, de grands changements avaient eu lieu sur le Rhin; la trahison de Pichegru ayant éveillé la défiance du Directoire, la faiblesse de Moreau avait paru suspecte. Le Directoire confia alors le commandement en chef des deux armées réunies sur le Rhin, et formant cent vingt mille hommes, au général Augereau. Ce choix était misérable; il eut, comme on va le voir, une grande influence sur les événements politiques. Le général Bonaparte avait employé utilement



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