Mademoiselle Obama by Audren

Mademoiselle Obama by Audren

Auteur:Audren [Audren]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fiction
Éditeur: GLM LLC
Publié: 2014-02-25T23:00:00+00:00


22

Please forgive me ! J’envoyais toutes les heures le même SMS à Abraham. Devant l’inutilité évidente de mon harcèlement, je finis par abandonner mon téléphone sur ma couette. Je passai la nuit avec Debussy dans les oreilles. Cloches à travers les feuilles, Et la lune descend sur le temple qui fut, Poissons d'or et Arabesques… J’aurais voulu que les notes me bercent. Le sommeil n’existait plus. Le jour nouveau me hantait, le retour à Hambourg, l’affrontement, la vérité. Je tentais d’ensevelir mes tracas sous Les parfums tournent dans l'air du soir et Les collines d'Anacapri. Le prélude à l’après midi d’un faune finit par venir à bout de mon insomnie. Je dormis en tenant la main de ce vieux Claude, épuisé de m’avoir veillée telle une mère au chevet de son enfant fiévreux. Trop vite le soleil glissa ses premiers rayons à travers les persiennes et mes paupières. La musique s’était arrêtée, j’avais peut-être somnolé quelques secondes. Ou plus. Peu importe, j’étais épuisée. Mathilde frappa à ma porte.

— Croissant, pain au chocolat, thé-spécial-Margaux : à la cannelle, bien sucré, avec un nuage de lait, et jus d’orange pressé maison… Voilà princesse, de quoi te requinquer un brin !

Un merci, un baiser tendre, et le parfum délicatement citronné de Mathilde.

— Je n’ai pas fermé l’œil, dis-je.

— Ça ne m’étonne pas. C’était la pleine lune. Tu ne dors jamais les nuits de pleine lune. Sarah était comme toi, il paraît.

— Je gamberge trop. Ma mère ne gambergeait pas, elle.

— Je ne te comprends pas. Tu as un rôle qui te plaît, du succès, des amis dans la troupe, et on dirait que tu reviens d’un enterrement.

— C’est ça, je reviens en permanence du même enterrement. En fait, je crois plutôt que je n’en reviens pas… Ils sont partis trop tôt ! Et puis, tous les deux ensemble ! Bande de lâches ! Je n’aime pas qu’on me laisse.

Mathilde disparut quelques secondes et s’installa à côté de moi, sur le lit, avec un deuxième plateau.

— Abraham t’a larguée, c’est ça ?

Je lui rappelai encore une fois qu’il n’y avait plus rien entre lui et moi. D’ailleurs, il n’y avait jamais rien eu…

— Bla bla bla… dit-elle.

Elle évoqua ses amours à elle. Elle pensait qu’ainsi, je finirais par me confier. Mais la crainte, toujours, des uns, des autres, de moi surtout. Ah ! Si j’avais pu rester dans mon lit plus longtemps que ma peur. Si cette chambre avait pu me faire oublier l’hiver. Malheureusement, chez moi, seule l’action savait prendre le dessus de mes tracas.

Je sirotais le jus d’orange, j’étalais des miettes de croissant autour de moi, j’écoutais la voix tranquille de Mathilde, j’essayai de savourer chaque seconde comme un condamné dans le couloir de la mort. La saveur n’en était pas une. On ne se réjouit de vivre que lorsqu’on peut encore espérer. Or l’espoir s’amenuisait d’heure en heure. Abraham ne me rappelait pas. Ce soir, l’avion allait me ramener au pays du grand tourment. Demain, j’allais signer des autographes devant la



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